M. A. : Cet extrait d’interview parle de la survie de Harry – pourquoi il survit et pourquoi le tuer aurait été un choix plus facile. Jo avait dit quelque chose de semblable dans les interviews suivant la sortie des Reliques, mais ici ses explications sont développées davantage.
J.K. R. : Par de nombreux aspects, tuer Harry aurait été une fin plus propre. Je le savais depuis le début. Mais le message principal des livres était que l’amour est la force la plus puissante dans ce monde. J’ai pris comme modèle, pour le personnage de Harry, les vétérans de guerre qui, après avoir vu des horreurs, doivent rentrer chez eux et reconstruire, retrouver une vie ordinaire et s’occuper de leur famille, devenir père… Devenir un père, en particulier, est une tâche difficile dans ces temps agités.
Si je ne l’avais pas fait affronter tout ça, je l’aurais ressenti comme une trahison envers mon personnage. Je pense que c’est quelque chose d’absolument héroïque, rentrer à la maison après tout ça, ne pas devenir un mercenaire qui continue à vivre comme bloqué dans un état d’esprit de guerre et de danger… être assez fort mentalement, et dans une certaine mesure également physiquement, pour rentrer de la guerre et éduquer une nouvelle génération, transmettre des valeurs qu’on espère prometteuses d’un avenir pacifique. C’est un travail conséquent.
Bien sûr, c’est un peu un paradoxe éternel. Comme toujours dans la vie, ce qui est en fait le plus intéressant peut paraître légèrement ennuyeux, mais Dieu sait ce que nous serions sans ces gens qui se sont préparés à revenir chez eux, s’occuper de leur famille, reconstruire et aider à reconstruire… Reconstruire est beaucoup plus difficile que détruire. Donc finalement, mon projet de tuer Harry ne tenait pas la route, il était presque lâche. Je voulais montrer un homme qui revenait les mains sales et essayait de participer à la reconstruction. j’aimais cette idée. Et, encore une fois, ça a déplu à beaucoup de lecteurs, mais Dieu sait qu’à cette époque je n’y étais que trop habituée !