Souvenirs, souvenirs… Harry Potter : le dernier chapitre

Édimbourg, Écosse

Dans le grand hall du Château d’Édimbourg, palais des rois d’Écosse de jadis, l’actuelle reine du monde de l’édition s’est retrouvé là en ma compagnie et celle de 14 jeunes fans.

J.K. Rowling : Est-ce que quelqu’un l’a terminé ? L’avez-vous aimé ?

Voix d’un enfant : Oui.

Meredith Vieira : C’est – c’est finalement terminé.

J.K. Rowling : Je sais.

Meredith Vieira : Que ressentez-vous ?

J.K. Rowling : Quelque chose d’incroyable.

Meredith Vieira : Incroyablement bon ? Incroyablement mauvais ? Un peu des deux ?

J.K. Rowling : Pour l’instant – je me sens vraiment très bien, pour être franche avec vous. C’est – c’est vraiment bien d’en être arrivée là. Oui.

Pour J.K. Rowling, connue par ses amis et ses fans sous le surnom de « Jo », Harry Potter and the Deathly Hallows, le septième et dernier livre de la série Harry Potter, signifie que bien que l’écriture soit achevée, ce n’est pas encore l’heure de tourner définitivement la page.

Meredith Vieira : Est ce que vous pensez avoir dû dire au revoir pour de bon à Harry ?

J.K. Rowling : Oui et non. Parce que je … Ca semble terriblement stupide ce que je vais dire, mais – Je ressens comme si je savais ce qu’il fait maintenant. Et je – Alors il sera toujours une présence dans ma vie, vraiment.

Toujours soucieuse de ménager le secret de l’intrigue, Jo était au départ très hésitante à en dire plus devant les jeunes fans qui n’avaient pas achevé la lecture du livre.

Meredith Vieira : Parce que je sais ce que vous ressentez vis-à-vis des spoilers – (Inaudible) – Et il y en a eu beaucoup tout au long du chemin. Absolument.

J.K. Rowling : Pour les gens qui ont lu les six romans et voulaient vraiment apprécier un septième roman à leur manière, je pense que ce n’est que justice. Et personne n’a le droit de leur enlever ce plaisir.

Mais à partir de là attention : il y a des spoilers et Jo Rowling parle de ceux qui vivent, de ceux qui meurent et du pourquoi de ses décisions… Alors si vous n’avez pas achevé votre lecture, vous voici prévenus !

Meredith Vieira : Vous savez que vous nous avez laissé en suspens sur quelques points….

J.K. Rowling : Un peu. Mais je dois dire que je – Cela aurait été humainement impossible de répondre à chaque question posée. Parce que je suis confrontée avec un niveau d’obsession chez certains de mes fans qui ne trouvera de satisfaction que lorsqu’ils sauront le deuxième prénom des arrières-arrières-grands parents de Harry.

Meredith Vieira : (Rires) Oui, on peut dire que les gens ont été quelque peu obsédés.

J.K. Rowling : Oui, j’adore cela. Je suis tout à fait pour. Je suis enchantée qu’ils ressentent cela. Mais vous savez, c’est un livre. Vous voyez ? Peut-être qu’un jour, il y aura une Encyclopédie et ce sera différent – une autre affaire – Mais à l’intérieur d’un roman, à l’intérieur d’un roman, il faut savoir résister à l’envie de tout dire.

Meredith Vieira : Une chose que certains lecteurs impatients –tels que moi – ont dû faire était de parcourir en premier les dernières pages du livre pour avoir la réponse à la question que tout le monde se posait : le jeune sorcier Harry Potter meurt-il ?

J.K. Rowling : Ah oui ! Quelqu’un d’entre vous est-il allé voir les dernières pages avant de … commencer à lire ? (Retient son souffle) (Rires)

Meredith Vieira : Je l’ai fait. Je ne pouvais pas… Ne pouvais pas attendre…

J.K. Rowling : Je déteste cela. Vraiment…

Meredith Vieira : Réellement ?

J.K. Rowling : Oui. J’aurais dû publier le dernier chapitre séparément. Pour vous forcer à le lire.

Meredith Vieira: J’ai repris ensuite au début. Nous avons repris au début. Mais vous avez construit… Vous savez, c’est votre faute. Vous avez créé tout un… Je veux dire, pas seulement un monde, mais tout un langage. Vous avez le Quidditch, les Moldus, le Polynectar…

J.K. Rowling : Est-ce qu’il y en a un que vous préférez ? J’aime beaucoup « Quidditch. »

Meredith Vieira : Et vous autres ?

Plusieurs voix : Oui

J.K. Rowling : Quidditch restera probablement mon préféré.

Meredith Vieira : Et comment avez-vous inventé cela ?

J.K. Rowling : Vous savez, je n’en sais vraiment rien. Je… je pense que j’ai toujours le carnet où j’ai l’ai griffonné. Pour une quelconque raison, je voulais absolument qu’il commence par un Q. Il y avait beaucoup de mots en Q. Je pense que j’ai gardé Quidditch parce qu’il rimait avec pitch. Vous savez, ça sonnait bien « Quidditch pitch ».

Meredith Vieira: Avez vous jamais voulu ou avez-vous envisagé de faire mourir Harry, Ron et/ou Hermione ?

J.K. Rowling : Oui, bien sûr.

Meredith Vieira : Vraiment ?

J.K. Rowling : Il y avait – il y avait une possibilité que le héros puisse mourir. Et c’est ce à quoi je tendais, que l’on puisse sentir que tout pouvait vraiment arriver. Et c’est parce que cela aurait été – cela aurait été ainsi, vous savez ? Lorsque vous avez un personnage aussi déterminé à tuer – je parle de Voldemort bien sûr, pas de Harry – cela aurait pu être ainsi. Personne – personne n’est à l’abri. Cela aurait pu arriver à n’importe qui.

Meredith Vieira : Alors que s’est-il passé ? Pourquoi a-t-il été épargné ?

J.K. Rowling : Hé bien, je l’ai “échangé” contre quelqu’un d’autre et je ne veux pas dire qui pour les personnes qui n’ont pas lu. Mais j’ai – j’ai pris une décision en débutant l’écriture de l’Ordre du Phénix que j’allais épargner M. Weasley et que j’allais tuer quelqu’un d’autre. Et, si vous avez terminé le livre… Je pense que vous savez probablement de qui il s’agit, et c’est quelqu’un qui était aussi un père de famille.

Et je voulais que ce soit comme un écho à – à la mort des parents de Harry. Et vous savez probablement de qui je veux parler si vous avez fini le livre. Mais… Donc il y a deux personnages qui meurent à la fin du 7è livre. Et M. Weasley a été attaqué, comme vous le savez, et a survécu dans le 5è livre. Mais il serait mort si j’avais suivi mon idée originelle. Mais il a survécu. J’ai dû le garder en vie… En partie parce que je ne supportais pas l’idée de le faire mourir.

Meredith Vieira : Mais donc il y en a deux qui meurent qui n’auraient pas dû mourir.

J.K. Rowling : Oui, oui. Je les ai échangé pour M. Weasley. Mais ils ne meurent pas avant le 7è livre.

Meredith Vieira : Alors, en tant qu’auteur, y a-t-il des personnages dont vous n’auriez pas supporté de vous séparer ?

J.K. Rowling : En fait oui. S’il y a bien un personnage dont je n’aurais pu supporter l’idée de me séparer, c’est bien Arthur Weasley. Et je pense qu’une partie de la raison est qu’il y a très peu de bons pères dans le livre. De fait, vous pourriez même argumenter que Arthur Weasley est le seul père valable de toute la série…

Jo a eu d’autant plus de mal à l’idée de perdre M. Weasley que Harry a déjà perdu tant de figures paternelles, y compris son parrain Sirius Black et le directeur de l’école Poudlard, Dumbledore.
Ils ont tous deux été des victimes dans le combat les opposant au supervilain Voldemort, qui avait déjà tué les parents de Harry quand celui-ci n’était qu’un bébé.

Meredith Vieira : Mais est ce que cela vous a inquiété – Jo, quand vous étiez en train d’écrire les livres, d’avoir tant de fans, des enfants, qui vous écrivaient pour vous dire “S’il vous plaît, ne tuez pas Harry”, que vous puissiez –

J.K. Rowling : Et bien –

Meredith Vieira : – rendre très malheureux bien des enfants en tuant Harry ou Hermione ou Ron ?

J.K. Rowling : Bien sûr que cela vous affecte. Je peux me rappeler, juste avant – juste avant que l’Ordre du Phénix ne sorte – non. Oui, bien sûr. J’avais rencontré un garçon qui m’avait dit “S’il vous plaît… S’il vous plaît, ne tuez jamais Hagrid, Dumbledore ou Sirius.” Oh mon Dieu ! Et il était vraiment gentil. Et lui – qui avait connu des difficultés dans sa vie – il était là, à me demander “Ne tuez aucun de ces personnages qui sont des pères pour Harry”. Et je savais que je l’avais fait. J’avais déjà tué Sirius et je dois dire qu’en le regardant, je me sentais vraiment misérable.

Meredith Vieira : Cela doit être vraiment difficile, comme vous dites, quand un jeune vient vers vous et vous supplie “S’il vous plaît ne faites pas cela”.

J.K. Rowling : Oui, ça l’est. Bien des gens sont venus me supplier pour leur personnage préféré.

Dans le livre 7, Jo élimine deux amis proches de Harry, Lupin et Tonks, et ce faisant, laisse orphelin leur enfant nouveau-né, tout comme Harry.

J.K. Rowling : Je voulais que ce soit comme un écho à ce qui est arrivé à Harry, pour montrer le mal absolu dans ce que fait Voldemort. Le fait de laisser derrière soi des enfants orphelins qui vont devoir grandir seuls, sans amour et sans protection. Et – c’est pour cela que j’ai tué ces deux-là. Ce que j’ai détesté faire, parce que j’aimais beaucoup ces deux personnages.

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Meredith Vieira : Finir la série pour vous, est-ce un soulagement, ou y a-t-il une forme de deuil ? Ou peut-être une combinaison des deux ?

J.K. Rowling : Définitivement les deux.

Meredith Vieira : Oui ?

J.K. Rowling : Tout un tas d’émotions qui ressortent. Immédiatement après avoir achevé d’écrire la fin, j’étais vraiment dévastée. Les deux premiers jours ont été terribles. Terribles.

Meredith Vieira : De quelle façon ? Dites moi ce que vous avez fait.

J.K. Rowling : C’est juste que j’étais tellement déprimée. Ce qui est probablement difficile à réaliser pour les gens est combien tout ce travail de 17 ans est mêlé à tout ce qui s’est passé dans ma vie en même temps.

L’histoire de sa vie, souvent racontée, peut sembler aussi magique que les livres qu’elle a créés.

Mais ce qui n’est pas aussi connu est que la magie a été mêlée de peines et de pertes, qui ont joué un rôle essentiel dans la naissance des livres Harry Potter.

Dans une sorte de raccourci des événements dans sa propre vie, ses parents se sont rencontrés et fiancés dans un train circulant dans la campagne anglaise.

Et Joanne Rowling est née dans un petit village dans l’Ouest de l’Angleterre il y a 42 ans cette semaine.

Son père, Peter était un responsable d’usine, sa mère Ann, technicienne de laboratoire.

Petite fille, Jo s’amusait, avec sa sœur Di, à imaginer des histoires d’élevage de lapins…

J.K. Rowling : J’ai écrit ce petit livre à propos d’un lièvre appelé Lièvre et ses aventures. Et je l’ai illustré moi-même également, et je l’ai montré à ma mère, qui, comme toutes les mères du monde, n’a pas tari d’éloges, disant combien c’était merveilleux. Et ce qui m’amuse, c’est que j’avais six ans et que j’ai pensé “Alors, on va donc le publier ?” Et là – j’ai – j’ai su exactement ce que je voulais faire.

Avance rapide… 20 ans, jusqu’en 1990, et Jo Rowling invente une toute autre histoire. Elle avait rendu visite à un copain à Manchester, et retournait à Londres par le train quand l’inspiration lui est venue.

J.K. Rowling : Tout à fait exact. Oui, j’étais dans le train de Manchester à Londres. Et l’idée m’est venue. Comme cela.

Meredith Vieira : Est-ce que quelque chose comme cela vous était déjà arrive auparavant ?

J.K. Rowling : Oui. En vérité. (Rires) Je veux dire, d’autres idées me sont venues ainsi, parce que je crois que lorsque l’on est écrivain et que l’on passe pas mal de temps à cela – écrire – les idées vous viennent. Mais rien ne m’était jamais apparu si clairement – cette idée que j’avais “Bien, j’adorerais écrire cela”. Quand je suis sortie du train, je suis rentrée à la maison et j’ai commencé à écrire.

Puis, vivant à Londres, elle garda pour elle cette idée d’un garçon sorcier étudiant.

Sa mère était gravement malade, et mourut six mois après que sa fille ait commencé à écrire l’histoire de Harry Potter.

J.K. Rowling : Un de mes plus grands regrets. Elle n’a jamais su. Je ne lui en jamais parlé.

Meredith Vieira : Elle était malade depuis un bout de temps. Elle a lutté contre la sclérose en plaque pendant dix ans.

J.K. Rowling : Oui.

Meredith Vieira : Comment son départ, sa mort, a-t-elle influencé le livre ?

J.K. Rowling : La mort de ma maman a eu une profonde influence sur les livres parce que … dans le premier manuscrit, je traitais de la mort des parents de Harry de façon assez … cavalière. Je ne m’attardais pas dessus. Six mois après ma propre mère mourait et je ne pouvais plus tuer de semblable façon cette mère, même de fiction. C’est assez tordu. Non – ce n’était pas tordu, mais ce n’était – ce n’était ce que c’est devenu par la suite parce que… Je pense réellement que, à partir de ce moment, la mort est devenue un thème central, si ce n’est LE thème central des sept livres.

Meredith Vieira : Vous voulez dire la mort en terme de perte, pas seulement le fait de tuer des gens, mais –

J.K. Rowling : Oui … Le sujet de la mort, de la façon dont nous réagissons face à elle, et de notre peur face à celle-ci. Bien sûr, je pense que c’est une des clés essentielles du livre, parce que Voldemort est quelqu’un qui ferait n’importe quoi pour ne pas mourir. Il est terrifié par la mort. Et de bien des façons, mes personnages sont définis par leur attitude face à la mort et la possibilité de la mort.

La mort de sa mère affecta Jo Rowling d’une autre façon. Il était temps de partir – de dire au revoir aux Îles Britanniques.

Meredith Vieira : Vous décidez de partir. Vous envoyer promener votre petit copain, vous partez pour le Portugal. Et à la même période, vous vous marriez et avez un bébé, Jessica.

J.K. Rowling : J’ai un bébé, Jessica.

Meredith Vieira : Vous divorcez. Et vous revenez.

J.K. Rowling : Oui.

Meredith Vieira : Mais dans un monde très différent. Vous êtes au RMI –

J.K. Rowling : Très différent.

Meredith Vieira : – Et à ce moment ?

J.K. Rowling : C’était – oui c’était – c’était bien sûr une période très difficile, parce que j’avais toujours travaillé auparavant. Je n’avais pas l’intention de vivre à Édimbourg … c’était uniquement parce que ma soeur y était et que j’avais passé les vacances de Noël chez elle.

Elle écrivit “Harry” dans un café d’Édimbourg, avec bébé Jessica faisant la sieste à côté d’elle. Elle vivait dans un petit appartement sous les toits. Et, après qu’un éditeur ait vu les trois premiers chapitres du livre et ait demandé la suite, elle se dépêcha de le finir.

J.K. Rowling : J’étais décidée à essayer parce que franchement, ma vie était tellement chaotique à cette époque, que – que pouvait-il m’arriver de pire ? Que je sois refusée de partout ? Pas grave.

Mais les temps difficiles allaient bientôt s’achever. Harry Potter and the Philosophers Stone, le titre britannique, fut finalement acheté par un petit éditeur anglais, Bloomsbury, pour 4 000 dollars.

Environ un an après, en 1997, son agent l’appelait pour lui dire qu’un éditeur américain, Scholastic, avait surenchéri pour “Harry Potter”.

J.K. Rowling : Il a téléphoné et m’a dit, “Il y a une vente aux enchères à New York.”. Et, une fois encore, je ne comprends pas. J’ai pensé “Pourquoi me parle-t-il de cela ?” (Rires) Il a du se montrer encore plus précis. « Une vente aux enchères pour votre livre. Pourquoi vous appellerais-je s’il s’était agi d’une vente de meubles ?”

Meredith Vieira : Ben dites donc… Vous avez été longue à comprendre – Jo (Inaudible)

J.K. Rowling : Vous savez, j’ai toujours – pour être honnête, la vie m’avait tellement balotté les deux années précédentes que quand vous commencez à recevoir de bonnes nouvelles, vous avez parfois des difficultés à y croire. (Rires) Et donc –

Meredith Vieira : Ce n’étaient pas de bonnes nouvelles. C’étaient des nouvelles incroyables. Jamais on n’avait mis tant d’argent sur un livre pour enfant – plus d’un million de dollars.

J.K. Rowling : Incroyable. C’était incroyable … J’ai commencé à penser “Nous allons pouvoir acheter une maison”. C’était maintenant le temps de la sécurité pour moi.

Depuis lors, sa réussite financière est devenue une légende.

Forbes estime sa fortune à plus d’un milliard de dollars.

Mais publier sept livres aussi volumineux en si peu de temps est devenu très lourd…

J.K. Rowling : Et c’était ma faute.

Mais maintenant sa vie est beaucoup moins stressante et elle est beaucoup moins seule.

Après neuf ans comme mère célibataire….

J.K. Rowling : Ce que je n’aurais jamais cru pouvoir m’arriver même dans un million d’années. Je n’ai jamais cru que je me remarierais – vraiment jamais. J’étais quelquefois bien seule. Je n’avais rencontré personne avec qui j’avais envie de rester … Donc j’ai commencé à me dire “C’est mon destin”. Ce n’est pas pour moi. Et bien sûr, au moment où j’ai commencé à l’accepter est arrivé Neil.

Le couple a eu un fils et une fille.

Oh, au fait ! : Quand Jo et Neil se sont fiancés, un autre train figure dans l’histoire, et ce n’était pas le Poudlard Express…

J.K. Rowling : Mon mari m’a demandé en mariage à bord d’un train.

Meredith Vieira : Vous avez dû penser “Oh, c’est tellement romantique.”

J.K. Rowling : Oui, je l’ai pensé. C’était l’Orient Express. J’avais toujours voulu voyager dans l’Orient Express.

Maintenant, elle consacre sa vie à sa famille et à ses causes favorites, telles qu’aider les mères célibataires et trouver une cure pour soigner la sclérose en plaques, la maladie qui a emporté sa mère.

Et maintenant elle a l’occasion de repenser à tout cela.

J.K. Rowling : Le fait de terminer m’a amené à beaucoup regarder en arrière. Ce qui m’est arrivé me semble quelquefois incroyable. Et il y a des moments où je me dis que j’ai dû rêver tout cela.

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Le livre tant attendu de l’auteure J.K. Rowling, Harry Potter and the Deathly Hallows, a battu un nouveau record en se vendant à plus de 15 millions de copies de par le monde en seulement 24 heures après avoir été finalement mis en vente à 00h01 (heure britannique) le 21 juillet dernier.

Deux semaines plus tôt, c’est pratiquement la même excitation qui animait le monde entier lors de la première de Harry Potter et l’Ordre du Phénix – le cinquième et dernier film de la série à avoir été tourné.

Alors que les films Harry Potter ont été parmi les réalisations d’Hollywood les plus appréciées et couronnées de succès, Jo Rowling était au départ réticente à l’idée de voir son histoire prendre vie au grand écran.

Meredith Vieira : Quand on vous l’a proposé pour la première fois, vous avez dit non.

J.K. Rowling : Oui.

Meredith Vieira : Vous n’étiez pas intéressée.

J.K. Rowling : Uh-huh (Affirmation).

Meredith Vieira : Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis et –

J.K. Rowling : Et bien, la chose la plus importante à ce moment était le fait que je voulais leur faire signer un contrat qui stipulait qu’ils suivraient le déroulement de mon histoire bien que les derniers livres ne fussent pas encore écrits. Ce que je ne voulais pas faire, c’était vendre les droits pour les personnages et leur permettre de réaliser une suite que je n’avais pas écrite. C’était mon pire cauchemar à ce moment-là. Donc j’étais assez heureuse de ne pas avoir Harry Potter être adapté au cinéma si cela – si cela – si je ne pouvais pas obtenir cette garantie.

Meredith Vieira : Et êtes-vous satisfaite de leur travail ?

J.K. Rowling : Oui, je suis très contente de ce qu’ils ont fait. Je pense que – notre superbe casting – je ne m’excuse pas de dire cela parce que je – je le sais – j’ai cependant été amenée à rencontrer un fan américain qui pense le contraire. Je pense qu’avoir fait en sorte que le casting soit composé essentiellement d’acteurs britanniques du fait qu’ils – que toute l’action se déroule en Grande Bretagne et que les enfants sont tous originaires du Royaume Uni a été – a été une grande et véritable réussite.

Meredith Vieira : Mais quand vous visionnez les films, vous vous dites “C’est l’univers que je me suis imaginé”.

J.K. Rowling : Visuellement parlant, c’est tellement ressemblant, presque indifférenciable, particulièrement Poudlard. Ils m’ont vraiment montré ce à quoi ressemblait l’ensemble du décor. Donc, alors que nous visitions les plateaux de tournage pour la première fois, cela m’a donné la chair de poule parce que c’était comme déambuler dans la Grande Salle que je m’étais toujours imaginée dans ma tête – le Chemin de Traverse était également très, très ressemblant à l’image que je m’en étais faite.

Bien sûr, cet été avec la première du film et la publication du septième tome si rapprochées dans le temps, la passion Potter a atteint des sommets.

Emma Watson : Je veux dire, c’est une sorte de mania Harry Potter.

Daniel Radcliffe : Vous savez, vous prenez vraiment conscience de toute cette passion durant les premières. Parce que vous voyez tous ces fans qui sont présents. Et vous pensez, “Ces gens l’adorent vraiment”. Mais en même temps, vous pensez à tout ce qui motive ces personnes. Parce que ce n’est pas juste superficiel. Le personnage d’Harry s’est créé un espace dans la conscience collective de millions d’individus de tous âges de par le monde.

Pour Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint – qui jouent les rôles de Harry, Hermione et Ron – leur passion pour Harry Potter était déjà née en eux longtemps avant qu’ils n’intègrent le casting.

Daniel Radcliffe : J’avais lu les deux premiers tomes, et après que j’eus obtenu le rôle, j’ai pensé bien, il faudra que je continue de les lire évidemment. Et – et c’est que j’ai fait, et j’ai tout simplement adoré. Et, vous savez, je suis vraiment dans le cas d’une personne qui ne lisait pas du tout et – et qui a lu les livres Harry Potter et qui s’est mis, à partir de cet instant, à dévoré autant de littérature qu’il le pouvait – ce que, je pense, est l’effet que ces romans ont eu sur tout le monde.

Rupert Grint : Je n’étais pas vraiment un lecteur acharné. Et il y avait quelque chose à propos de ces livres qui a juste – je m’y suis connecté en quelque sorte. C’était tout simplement – cool… Ce qui est unique avec ces romans c’est qu’aussi bien des enfants que des adultes peuvent les aimer – mes parents les ont lus et ont adoré.

Emma Watson : J’étais une immense fan des livres avant même que je n’auditionne pour le rôle. Je pense que j’en étais arrivée au troisième tome avant que je fasse quoi que ce soit en rapport avec les films. Et mon père avait l’habitude de nous les lire, à mon frère et à moi, avant que nous n’allions nous coucher.

Alors que certaines séries semblent « s’essouffler » en cours de route, chacun des films Harry Potter a connu un renouveau grâce aux tournants qu’ils ont pris et à l’évolution des personnages au fur et à mesure des livres.

Daniel Radcliffe : C’est un véritable phénomène. Je pense que cela est en partie dû au personnage de Harry… Il est l’enfant de fiction le plus incroyable du fait qu’il vous captive dès la première page. Cela est évident quand vous vous dites, “Très bien. Bon, je vais – je vais – je vais lire un autre chapitre et je m’arrêterai”. Et vous – vous arrivez à la dernière page de ce chapitre et pensez, “J’irai jusqu’à – okay, je vais juste lire le chapitre suivant”. C’est tellement fascinant…

Meredith Vieira : Daniel Emma et Rupert, qui jouent les trois membres du trio, que pensez-vous d’eux ? Je veux dire, ils interprètent vos personnages.

J.K. Rowling : Oui, j’entretiens avec eux une relation très étrange… Je me sens à leur égard comme un marraine ou quelque chose comme ça. Je me sens, vous savez, ils ont tous les trois d’excellents parents. Donc il ne serait pas vrai et je ne pourrais pas dire que je fais comme partie de leur famille. Mais je – ils se sentent liés à moi d’une manière très étrange du fait de ce qu’ils ont fait. Ils ont grandi avec ces personnages que j’ai créés et ils les ont incarnés. Ensuite nous – nous entretenons une relation plus personnelle parce que je les connais maintenant.

Et pour Daniel, Emma et Rupert, ce sentiment est partagé.

Daniel Radcliffe : Jo a toujours été totalement charmante avec moi et avec nous tous. Elle est d’un grand soutien. Et – et si vous lui demandez son avis, elle vous le donne. Mais elle ne vous forcerait jamais à y adhérer parce qu’elle – elle comprend bien que les films sont une chose et que les livres en sont une autre.

Rupert Grint : Elle est très sympa. Elle est très engageante … ce qui m’a surpris c’est combien elle a les pieds sur terre, comme quelqu’un d’ordinaire, et elle est tout simplement très cool.

Cependant, cette relation signifie-t-elle que les acteurs ont obtenu quelques informations complémentaires concernant l’histoire ? Prenez garde – voici un nouveau spoiler !

Meredith Vieira : Savaient-ils ce qui se pass… – savaient-ils ce qui arriverait avant que le dernier livre ne soit publié ?

J.K. Rowling : Ils savaient certaines choses. Je veux dire, aucun d’entre eux ne connaissait la fin. Mais – je leur ai révélé à tous les trois quelques éléments concernant leurs propres personnages.

Meredith Vieira : Est-ce que l’un d’entre eux vous a demandé, “Est-ce que tu vas me faire disparaître” ?

J.K. Rowling : Oui, Dan l’a fait, oui.

Meredith Vieira : Dan l’a fait ? Et est-ce que vous lui avez répondu ?

J.K. Rowling : Je suis allée dîner avec lui … Et à un moment du repas, il s’est penché vers moi et m’a demandé, “Écoute, il faut que je te pose la question – est-ce que je meurs ?” Et j’ai réfléchi rapidement et je lui ai murmuré, afin que personne ne puisse entendre « tu – tu auras une scène de mort à jouer ». Mais Dan est très intelligent. Et je suis assez sûre qu’il sera rentré du dîner en pensant, “Bon, j’aurais une scène de mort à jouer, mais qu’est-ce que cela veut dire ?”

J.K. Rowling : – il meurt. Donc, j’espère qu’il est heureux.

Meredith Vieira : Oui, il s’agit de sa carrière après tout. (Rires)

Et bientôt, la série Harry Potter prendra vie sous la forme d’un tout nouveau parc à thème en Floride dont les droits ont été achetés par notre associé, NBC Universal.

Meredith Vieira : Je ne pense pas que vous aurez à faire la queue, n’est-ce pas ?

J.K. Rowling : Il vaudrait mieux. (Rires)

Meredith Vieira : – Injustice.

J.K. Rowling : Non cela va être – ce sera génial car je pourrai y emmener mes trois enfants en fait. Parce qu’ils sont en train de mettre en place une attraction destinée aux plus petits. Donc, j’attends cela avec impatience. C’est génial.

Et Jo explique que bien qu’elle soit triste que son voyage Harry Potter soit terminé, les films et le parc à thème font que l’univers du garçon qui a survécu vivra encore dans un sens tangible.

J.K. Rowling : Pour moi, il est magnifique d’avoir toutes ces choses auxquelles m’attendre. J’ai encore deux films à voir et le parc à thème [à visiter]. Et cela signifie que l’histoire n’a pas encore pris fin pour moi. Donc, bien que j’en ai fini avec les livres, c’est comme si j’étais toujours connectée à l’univers Harry Potter. Et cela facilite probablement mes adieux à celui-ci.

Meredith Vieira : Donc vous ne voulez vraiment pas dire au revoir à Harry.

J.K. Rowling : Bien, je le veux et je ne le veux pas. C’est tout simplement génial de penser que si j’ai besoin d’un petit remontant Harry Potter, je peux me rendre sur le plateau de tournage et les embêter. (Rires)

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Meredith Vieira : Quel est pour vous l’aspect le plus gratifiant de tout ce phénomène Harry Potter ?

J.K. Rowling : Ca. Définitivement, parler aux personnes comme vous à propos des livres … Je veux dire, j’ai adoré les écrire. Mais à part l’écriture – cela me stupéfait que tellement de personnes aient aimé les romans et qu’est-ce qu’il y a de mieux que ça ? Rien.

Donc préparez-vous fans de Harry Potter – parce Jo Rowling peut finalement tout nous dire. Maintenant que le dernier tome Harry Potter est sorti, elle n’a plus besoin de garde le moindre secret.

J.K. Rowling : Ce livre est terminé depuis tellement longtemps, bien plus longtemps que – que les gens ne pourraient l’imaginer. Donc –

Meredith Vieira : Donc est-ce une délivrance pour vous de pouvoir –

J.K. Rowling : Oui, c’est une délivrance totale. C’est pour moi une – c’est une – grosse baisse de pression. C’est magnifique.

Et nous avons laissé les enfants poser les questions auxquelles ils voulaient absolument obtenir une réponse.

Un enfant : Oui. Est-ce que vous vous êtes inspirée de quelqu’un que vous connaissez pour créer Harry Potter ? Et pourquoi avez-vous choisi le nom Harry Potter ?

J.K. Rowling : Je ne me suis inspirée de personne. Donc ne croyez personne qui apparaîtrait soudainement clamant qu’il est Harry Potter. Non, Harry est totalement fictif … et le nom … je cherchais un nom qui était assez banal d’une certaine manière mais qui me plaisait. Donc il est devenu Harry. Et puis j’ai – cela m’a pris plus de temps pour trouver Potter. Et Potter était le nom d’une famille dont la maison était voisine de la mienne lorsque j’étais enfant. Et le fils de cette famille en ensuite prétendu être Harry Potter mais il ne l’est pas. Oui, j’ai juste pris leur nom. (Soupir)

J.K. Rowling : Plus d’une personne a clamé être Harry Potter. Il est intéressant que personne n’ait jamais prétendu être Hermione. (Rires) Cependant, c’est peut-être parce que je suis assez ouverte et que j’ai dit que je m’étais au moins partiellement inspiré de moi plus jeune pour créer le personnage de Hermione.

Meredith Vieira : … elle est au moins en partie comme vous – (Inaudible) – petite fille. De quelle manière ?

J.K. Rowling : Agacer – agaçante.

Meredith Vieira : Agaçante ?

J.K. Rowling : Oui. (Rires) Mais j’ai un peu perdu ce côté enquiquineuse en grandissant, et il en est de même pour elle dans les livres, grâce à l’influence bénéfique de Harry et de Ron.

J.K. Rowling : Hermione exagère un peu tout. Mais j’étais profondément anxieuse, comme l’est Hermione, je pense que cela est clair, si vous lisez le livre, elle pallie en partie à son anxiété en essayant d’obtenir de bonnes notes et ainsi de suite. L’endroit où elle se sent le plus en sécurité c’est en classe avec la main levée.

Meredith Vieira : Je suis sûre que ces enfants qui vous regardent en ce moment pensent que c’est probablement la chose la plus cool sur terre que d’entendre que vous étiez anxieuse…

J.K. Rowling : Et bien, tout le monde est – tout le monde est anxieux d’une certaine façon, n’est-ce pas ? Peu de personnes ne le sont pas de toute manière.

Meredith Vieira : Pourquoi étiez-vous – qu’est-ce qui vous a rendu anxieuse ?

J.K. Rowling : Et bien, je dois dire que ce sont pour les mêmes raisons que Hermione. Je me sentais assez ordinaire et je me sentais, vous savez, je n’étais vraiment pas une enfant populaire – comme la plupart des gens après tout. Donc – je pense que c’est la raison pour laquelle les gens s’identifient à Harry, Ron et Hermione parce qu’ils sont – parce qu’ils sont tous les trois des outsiders d’une certaine manière.

Meredith Vieira : Beaucoup de personnes s’inquiétaient de l’éventuelle mort de Hagrid. Est-ce que vous y avez jamais songé ?

J.K. Rowling : Oui … Tout le monde s’y attendait en fait. Tout le monde. Mais en fait, depuis longtemps … je voulais que Hagrid soit celui qui transporte Harry hors de la forêt. Cela avait été planifié depuis très longtemps Et je voulais que Hagrid croit que …

Meredith Vieira (s’adressant à l’assistance) : Est-ce que l’un d’entre vous avait peur que Hagrid meure ?

J.K. Rowling : Je pense que beaucoup de personnes craignaient que cela n’arrive – (Inaudible)

Meredith Vieira : Oui. Je pense que j’étais l’une d’entre eux.

J.K. Rowling : Ah oui ? Ma sœur. La dernière chose qu’elle m’ait dite avant qu’elle n’ouvre le livre était : « Si Hagrid meurt, je ne te le pardonnerai jamais ». Mais ce n’est pas à cause d’elle que je l’ai gardé en vie. Je devrais prétendre le contraire. J’aurais un plus gros cadeau de Noël.

Dumbledore connaissait sa faiblesse et il en avait pris conscience à l’âge de 17 ans. Il avait compris qu’il – que sa faiblesse et sa tentation était le pouvoir. Il a reconnu que s’il avait le pouvoir, on ne pouvait pas vraiment lui faire confiance.
Donc il est resté à Poudlard. Et il était important pour moi que Dumbledore fasse ce choix. Et Harry – je pense que Harry l’admire encore plus pour cela.

Pendant ce temps, l’apparent vilain Severus Rogue – le sorcier qui tua Dumbledore devant les yeux de Harry – apparaît sous un jour un peu plus héroïque dans le tome final.

J.K. Rowling : Rogue est un homme compliqué. Il est amer. Il est … malveillant. Il est agressif. Oui, tout cela s’applique au personnage de Rogue, même à la fin de ce livre. Mais était-il courageux ? Oui, immensément courageux.

Était-il capable d’aimer ? Définitivement oui. Donc il est – il est très – c’était un être humain qui avait beaucoup de défauts, comme un grand nombre d’entre nous.

Harry lui pardonne – comme nous le savons, de par l’épilogue, Harry – Harry perçoit finalement le bon côté de Rogue. Je voulais qu’il y ait rédemption et pardon. Et Harry pardonne, tout en sachant que Rogue l’aura détesté sans raisons jusqu’à la fin. Cela est totalement, totalement injuste qu’il le déteste autant mais peu importe.

Jackson : Y’a-t-il quelque chose que vous regrettiez d’avoir écrit dans Harry Potter – particulièrement en ce qui concerne les morts ?

J.K. Rowling : Je – non, les morts ont toutes été très, très réfléchies. Je ne tue pas des personnages, même de fiction, à la légère. Donc, je n’en regrette aucune. Il y a quelques éléments mineurs de l’intrigue que je – que je changerais si je revenais en arrière. Je modifierais certainement l’Ordre du Phénix un peu parce qu’il est – je pense qu’il est trop long.

Une voix féminine : Quelle était la mort la plus difficile à écrire pour vous ? Autre que celles du septième livre ?

J.K. Rowling : Quelle mort ?

Une voix féminine : Oui.

J.K. Rowling : Probablement Dumbledore. Je n’ai pas aimé tuer Sirius non plus.

J.K. Rowling : Juste avant que l’Ordre du Phénix ne soit publié … C’est la première que je suis allée consulter les sites internet de fans de Harry Potter. Je ne l’aurais jamais fait avant ça. Et un après-midi, j’y suis allée. Et mon Dieu, c’était un peu comme une révélation. Je ne m’imaginais pas à quel point le web fourmillait de ce genre de choses. Et l’un des sites de fans que j’ai – que j’ai trouvé était – entièrement dédié à Sirius Black.

Je ne me doutais même pas qu’il puisse avoir son propre site de fans, son propre fan club, qui était formé au départ par des adolescentes, je pense. Tout le monde l’aimait. Et je savais qu’il ne lui restait que trois jours à – à vivre. C’était terrible…

Et quelques jeunes lecteurs avaient quelques questions empreintes de maturité.

Voix d’un jeune : Voldemort tuant des sorciers nés de parents Moldus, cela fait beaucoup penser à une sorte de purification ethnique. A quel point la série est-elle une métaphore politique ?

J.K. Rowling : Et bien, c’est une métaphore politique. Mais … Je ne me suis pas assise en pensant, Je veux recréer l’univers de l’Allemagne nazie, dans le – dans le monde sorcier. Parce que – bien que j’ai incorporé – de manière intentionnelle des connotations de l’Allemagne nazie, j’ai aussi fait référence à d’autres situations politiques. Donc, je ne peux pas vraiment en isoler un des autres.

Voix d’un jeune : Il est également parlé de Harry comme étant l’élu. Donc, il y a du religieux –

J.K. Rowling : Et bien, il y a – il s’agit très clairement d’une connotation religieuse. Et – cela a toujours été difficile de parler de cela parce qu’avant que le septième livre n’ait été publié, concernant ce qui se passe après la mort et ainsi de suite, aborder le sujet aurait révélé beaucoup trop de choses qui allaient se passer. Donc … oui, mes convictions et ma lutte avec les croyances religieuses et ainsi de suite sont assez apparentes je pense dans ce livre.

Meredith Vieira : Et quelle est cette lutte ?

J.K. Rowling : Je lutte vraiment pour continuer de croire.

Meredith Vieira : Continuer de croire ?

J.K. Rowling : Oui.

 

Jo Rowling comble quelques-uns des blancs laissés dans l’épilogue pour ses fans.

Chelsea : A la fin … vous nous dites que Neville est professeur à Poudlard. Qu’est-ce que – Harry, Hermione et Ron font ?

J.K. Rowling : Harry et Ron ont complètement révolutionné le Département des Aurors au – au Ministère de la Magie. Donc ils – je veux dire, ils sont maintenant des Aurors accomplis – ils sont experts. Peu importe leur âge ou ce qu’ils ont fait.

Donc Harry et Ron dirigent la création du nouveau Département des Aurors. Et à ce moment – 19 ans après – j’imagine que Harry est à la tête de ce département, le Ministère n’étant plus corrompu de toute manière. C’est – c’est un endroit fort sympathique. Et Hermione … Je pense qu’elle occupe maintenant une position assez importante au Département de la Justice Magique.

J’imagine que son intelligence et – et sa connaissance des Forces du Mal lui offrent des bases solides. Donc ils ont tous les trois intégré le Ministère mais il s’agit d’un tout nouveau Ministère. Ils ont créé un nouveau monde.

++++

Meredith Vieira : Vous avez laissé ouvertes certaines possibilités , puisque dans l’épilogue, il y a Ron, Harry et Hermione, et ils ont des enfants, et…

J.K. Rowling : Non, je n’ai pas laissé les choses « ouvertes » pour cette raison. Je n’ai pas écrit l’épilogue en pensant : « Voilà, je vais poser les bases d’une série de livres pour la génération à venir. » C’était… C’était juste parce que je voulais montrer que la vie continuait. Que même s’il y avait eu des morts, il y avait toujours la vie et que les choses allaient de l’avant.

De fait, elle explique qu’une des principales raisons pour lesquelles elle voulait écrire l’épilogue est Teddy, le fils du défunt professeur Lupin.

J.K. Rowling : De savoir que Teddy Lupin… le fils de Lupin, va bien. Qu’il est toujours en relation avec Harry, qu’il doit être heureux et qu’il a une fort jolie copine, parce que je pense qu’il est en train de l’embrasser dans l’épilogue … La fille ainée de Bill et Fleur.

Meredith Vieira : Et en quoi était-ce important ?

J.K. Rowling : Parce que c’est un orphelin. Et je veux montrer – Je veux montrer que les choses vont bien pour lui. Et je veux montrer que comme le monde est un bien meilleur endroit, il a une vie plus heureuse… Et là j’ai commencé à pleurer. Parce que vraiment Teddy Lupin est quelqu’un d’important pour moi. Je venais juste de… Tuer ses deux parents, alors je voulais que les choses aillent bien pour lui.

Ensuite, elle livre quelques pensées sur le choix de vie et de mort qu’elle a opéré entre les deux jumeaux Weasley, Fred et George, frère de Ron, le meilleur ami de Harry.

J. K. Rowling : Hé bien, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours su que ce serait Fred. Je pense qu’en y réfléchissant, la plupart des gens aurait pensé que ce serait George, je crois. Parce que c’est lui le dominant. C’est toujours lui qui dirige, il est plus dur que George. George est plus doux. Fred est le plus dôle mais aussi le plus cruel des deux. Alors on aurait pu penser que George était le plus vulnérable des deux, et que ce serait lui qui disparaitrait.

Meredith Vieira : Mais ce fut plus facile pour vous de tuer Fred plutôt que George ?

J. K. Rowling : Ce ne fut pas plus facile. N’importe lequel des deux s’est révélé très difficile à tuer. (Rires). C’était terrible de tuer Fred. J’ai détesté avoir à faire cela.

Mais le moment le plus difficile pour elle fut l’écriture d’un autre chapitre.

J.K. Rowling : J’ai vraiment, vraiment pleuré après avoir écrit le chapitre 34, là où Harry repart dans la forêt pour ce qu’il pense être la dernière fois… parce que je devais vivre cela avec Harry et ressentir le poids de sa désillusion et sa peur parce qu’il croit qu’il est envoyé à la mort par Dumbledore qui, il l’a vu, voulait le garder vivant en vue de cela. Alors cela a été émotionnellement très difficile pour moi à écrire.

Meredith Vieira : pourquoi était-ce important pour vous, Jo, d’écrire à propos de la cruauté et de l’inhumanité ?

J. K. Rowling : Je ne suis pas sûre pourquoi (rires). Mais c’était à propos de cela que je voulais écrire. Et à propos des choix. Et on peut le voir au sujet de Voldemort. Je veux dire, c’est… Je suppose qu’on peut dire qu’il est psychopathe. Mais il l’est, de tant de façons, il est ce qu’il est et il est au-delà de toute rédemption possible. Bien que, comme il s’agit d’Harry Potter, et parce que je peux m’autoriser quelque libertés puisque j’ai de la magie dans cet univers, il est montré à la toute fin du livre qu’il avait effectivement une possibilité de rédemption, parce qu’il avait dans ses veines ces quelques gouttes d’espoir ou d’amour…

Meredith Vieira : Le sang de Harry

J. K. Rowling : exact. Cela signifie que s’il avait pu trouver le courage de se repentir, même lui aurait pu être sauvé. Mais bien sûr, il ne l’a pas voulu. Et c’est son choix. Mais ce qui est encore plus intéressant, d’une certaine façon, ce sont les personnes autour de lui. Tous ces gens qui sont venus à lui par désir de protection, par désir de pouvoir, par sadisme… Mais des gens qui ont tous eu un choix et l’ont fait, comme tous les Malefoy de ce monde. Et je pense que ça vaut la peine d’examiner pourquoi les gens font ce genre de choix.

Mais un point sur lequel elle voulait s’attarder n’avait rien à voir avec le septième tome. Elle voulait exprimer toute sa gratitude à l’égard des lecteurs qui lui sont restés fidèles ainsi qu’à Harry depuis dix ans maintenant.

Meredith Vieira : Cela doit aussi être une leçon d’humilité d’une certaine manière.

J.K. Rowling : Oui, absolument. Bizarrement, juste avant que de septième roman ne soit publié, j’ai rencontré deux ou trois fans – ils m’ont tous dit la même chose. “J’ai lu le premier tome quand j’avais 10 ans. J’ai lu le premier livre quand j’avais 11 ans.” Et je suis maintenant en face d’hommes et de femmes qui ont la vingtaine.

Meredith Vieira : Qu’avez-vous dit à ces fans ? Parce qu’ils étaient beaucoup à –

J.K. Rowling : Je leur ai juste dit qu’ils ne pouvaient pas s’imaginer ce que cela représentait pour moi. Et ils ne le peuvent pas. Ils ne peuvent pas comprendre.

Meredith Vieira : Avez-vous eu, en écrivant le septième roman, ou l’un – en fait en écrivant un seul parmi les sept, mais particulièrement le dernier – un sentiment de responsabilité vis-à-vis de ces fans ?

J.K. Rowling : Vous savez, c’est toujours – et bien, oui, je l’ai ressenti. Je me suis vraiment sentie responsable du fait que je désirais vraiment écrire le meilleur, meilleur, meilleure livre que je pouvais. Parce qu’ils l’attendaient tous et en attendaient tellement de moi. On m’a souvent demandé, “Bien, ne vous sentez-vous pas coupable de tuer des personnes, des personnages que les enfants aiment ?” Et – je dois vous paraître horrible et sans cœur en vous répondant “non”. Mais en vérité quand vous écrivez, vous devez seulement penser à ce que vous écrivez … Vous ne devez pas vous asseoir et penser, “Bon, j’allais tuer Hagrid mais, comme les gens l’aiment.”

Et maintenant que l’histoire de Harry Potter est terminée, Jo Rowling a l’opportunité de s’occuper d’elle-même.

Meredith Vieira : Qu’allez-vous faire maintenant ?

J.K. Rowling : Je vais définitivement faire une pause. Et je vais savourer pendant un moment le sentiment de ne plus avoir à respecter une date limite.

Meredith Vieira : Ambitionnez-vous d’écrire un autre livre ?

J.K. Rowling : Bien sûr. Bien sûr. Je ne dis pas que je vais arrêter d’écrire. Je dis tout simplement que je vais apprécier d’écrire sans avoir à me soucier de publier quoi que ce soit ou d’avoir à y penser. Et c’est – c’est un privilège, vous savez ? … Je suis énormément privilégiée.

Et elle a gardé un dernier secret pour la fin.

Meredith Vieira : Concernant la fin du livre [le septième tome N.d.T.], j’ai entendu dire que le dernier mot était censé être cicatrice. Or le dernier –

J.K. Rowling : Et cela était le cas depuis très très longtemps. Depuis très longtemps, la dernière ligne ressemblait à quelque chose comme cela : “Seuls ceux qu’il avait aimés pouvaient encore voir sa cicatrice”. Et cela faisait référence au fait qu’alors qu’ils se trouvaient sur le quai 93/4, le lieu grouillait de monde. Et Harry était entouré par ceux qu’il aimait. Donc ils étaient les seuls à être assez prêts pour pouvoir la voir bien que des pers – d’autres personnes le regardaient. Et cela était également assez ambigu dans un sens. Donc, cela amenait à se poser la question – est-ce que la cicatrice est toujours visible ? Donc, je l’ai changée parce que je voulais quelque chose de plus – quand j’en suis venue à écrire cette dernière phrase, je voulais montrer très concrètement que Harry l’avait finalement emporté. Et je voulais appuyer sur le fait que la cicatrice, bien qu’étant toujours présente sur son front, était devenue tout simplement banale. Je voulais également montrer que tout est fini. C’est fait. Cela annonce en quelque sorte aux gens, “Non, Voldemort ne reviendra plus. Il n’y aura pas de suite. Harry a fait son travail.” C’est pourquoi je l’ai changée.

Meredith Vieira : En tout va bien. Et vous saviez que cela se terminerait sur ces mots.

J.K. Rowling : J’ai juste ressenti … J’ai ressenti une sorte de (Soupir de soulagement). Et – et c’était ça. Je voulais vraiment que Harry soit en paix.

Meredith Vieira : Donc, après 17 ans et sept livres, qu’espérez-vous que les gens retiennent de cela ?

J.K. Rowling : La chose la plus flatteuse qu’on ne m’ait jamais dite – et on me l’a répétée assez souvent – est que les livres Harry Potter sont les premiers à avoir incité les gens à lire. Et il n’y a rien qui puisse être meilleur que cela. Si c’est ce que Harry a réussi à accomplir, alors c’est la meilleure chose que je ne pourrais jamais entendre.

Meredith Vieira : Et comme vous le diriez : “Tout va bien”.

J.K. Rowling : Exactement.

Portolien

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Les bus Harry Potter mis au service du personnel soignant

La Warner Bros a décidé de mettre les bus des studios londoniens Harry Potter à disposition du personnel soignant.

7 commentaires

  1. souvenirs, souvenirs … Harry Potter : le dernier Chapitre
    ah que de souvenirs, que de souvenirs…

  2. souvenirs, souvenirs … Harry Potter : le dernier Chapitre
    Mais.. ça a fait 19 mois le 21 janvier dernier, nan ? Enfin, si je me mêlange les pinceaux, merci Poudlard.org ^^ ( mais je reste sur que c’était le 21 Juillet 2007 !)

    • souvenirs, souvenirs … Harry Potter : le dernier Chapitre
      C’est la sortie anglaise. Je pense qu’ils parlent de la sortie française du livre.

    • souvenirs, souvenirs … Harry Potter : le dernier Chapitre
      Mais les 19 ans de la sortie du livre en français seront le 26 Mai 2009… ?!

  3. souvenirs, souvenirs … Harry Potter : le dernier Chapitre
    g toujours du mal a me dire que c vraiment fini…pour moi sa ne sera jamis vraiment fini

  4. souvenirs, souvenirs … Harry Potter : le dernier Chapitre
    Quand je clique sur l’interview, je ne peux pas mettre autre chose que la page un, ca ne marche pas ; la page a un « voile » blanc et ca reste bloqué…
    C’est mon ordi ou le site?
    Merci !
    Lou

    • souvenirs, souvenirs … Harry Potter : le dernier Chapitre
      Effectivement, on va essayer de résoudre ce bug dans la journée…