François Comba se sert d’Harry Potter pour « ouvrir ses élèves à la littérature mondiale »

L’enseignement rencontre un vif succès, les places pour y assister ont été prises en quelques minutes, il fallait apparemment que les étudiants aient une bonne connexion pour avoir « la chance d’y assister ».

Le grand changement dans l’enseignement de ce module, pour François Comba est qu’il s’adresse à « des étudiants qui connaissent le texte » aussi bien que lui. La participation des élèves est donc active est riche, c’est n’est pas seulement « je lève la main et j’ai un point » : ils sont tout autant intéressés par le sujet que lui-même.

Certaines personnes pourraient alors penser que le cours ne sert à rien : à quoi bon enseigner sur une œuvre que les étudiants connaissent déjà sur le bout des doigts ? Le cours sert-il à quelque chose ? François Comba est alors catégorique : ses étudiants connaissent J.K. Rowling, mais ils ne connaissent pas la littérature mondiale. Son enseignement est un dialogue entre J.K. Rowling et Kipling, Austen, etc. Le but est de démontrer le plus complètement possible que Harry Potter est une œuvre d’art. Que « d’une part ça ressemble à tout et d’autre part à rien du tout ». Cette phrase signifie que le livre est truffé de références et surtout qu’il est nourri aux meilleures sources : l’œuvre est gorgée de choses que J.K. Rowling s’est appropriées.

Par exemple, lorsque Harry part à la chasse aux Horcruxes, son aventure n’est pas sans rappeler celle d’Œdipe tout en étant très différente. De plus, l’affrontement avec Voldemort, le sacrifice de Harry fait écho au face à face d’Œdipe avec le Sphinx. Avec la légendaire énigme : « Quel être à quatre pattes le matin, deux le midi et trois le soir ? ». La réponse est l’Homme, mais l’Homme peut tout à fait être Œdipe. C’est alors que François Comba déclare : « Dans chaque existence, on rencontre un sphinx qui nous empêche d’avancer, et la réponse est toujours « l’Homme, mais chaque Homme, c’est moi ». » Et le sphinx de Harry, c’est Voldemort. C’est « en ça que l’écriture de J.K. Rowling est faite de littérature mondiale ».

Nous avons ensuite abordé le sujet de Harry Potter dans la vie quotidienne : les personnes qui ont lu l’oeuvre semblent vivre de la même manière que ceux qui ont lu Á la recherche du temps perdu de Marcel Proust. C’est à dire qu’ils peuvent continuellement penser à Harry Potter comme d’autre pensent continuellement à Proust dans la vie quotidienne. En s’imprégnant des œuvres de ces auteurs, on met en quelque sorte une paire de lunettes sur nos yeux pour voir le monde à travers les yeux de J.K. Rowling ou Proust.

Récemment, François Comba est allé diner à une pizzeria avec ses étudiants, et un autre groupe – conséquent – est arrivé juste avant eux. Il a fait une petite blague que seuls les « potterophiles » peuvent comprendre : « j’ai l’impression que les Serpentard ont envoyé un message à Rogue ». Un sourire s’inscrit sur le visage de François Comba lorsqu’il m’annonce : « Ils ont eu la table en terrasse, mais ils sont partis tôt car ils avaient trop froid ». Cet exemple en est un parmi tant d’autres. Quel fan de Harry Potter n’a jamais imaginé que son balai était un Nimbus 2000, ou mieux, un Éclair de feu ?

Le parallèle entre Proust et J.K. Rowling peut être fait, mais il a tout de même ses limites. On peut lire Harry Potter à douze ans mais pas Á la recherche du temps perdu. De même l’emprise n’est pas la même : on n’échappe pas à Proust, alors qu’on échappe à J.K. Rowling. L’une des peurs de François Comba est que ses étudiants ne passent pas à d’autres auteurs.

Pour finir, quoi de mieux qu’une brève citation de François Comba ? Cette phrase s’adresse à ses étudiants, mais elle peut très bien s’adresser à vous : « Il faut lire JK. Rowling, s’oublier mais ne pas s’oublier, car son sujet c’est l’homme. Il faut savoir refermer JK. Rowling pour passer à autre chose. J’espère que mes étudiants sauront faire cela pour se rendre compte de la qualité de l’œuvre qui surgira dans trente ans. »

« Que mon livre t’enseigne à t’intéresser plus à toi qu’à lui-même, – puis à tout le reste plus qu’à toi » André Gide

Portolien

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