Harry Potter : There will be « Half-blood »

Le 14 août, la sortie du film Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé a été reportée à l’été 2009. Mais ce n’est qu’une information. Pour en savoir plus sur cet ajournement, il faut entrer dans les coulisses d’Hollywood.
Les larmes ont séchées. La chair de poule s’est estompée. Les livres, une collection complète maintenant, sont alignés sur l’étagère et prennent la poussière. Dans notre imagination, Harry Potter vit heureux pour toujours, son travail en tant qu’icône populaire mondial et source de profit est maintenant terminé.

Presque.

Aux studios Leavesden à l’extérieur de Londres, sous un toit percé gouttant par une pluie d’avril, Daniel Radcliffe est debout dans une cage d’escalier qui conduit à un coin abandonné de l’école de magie Poudlard, lisant un SMS sur son portable. Au retentissant « Action ! », la jeune star glisse son téléphone dans sa poche et descend rapidement l’escalier pour rejoindre Emma Watson qui est assise sur une marche, essayant de contenir ses larmes. Dans Harry Potter et le prince de Sang Mêlé, adapté de l’avant dernier roman de J.K. Rowling, l’amie de Harry, Hermione Granger (Emma Watson), se rend compte que son cœur appartient à Ron Weasley (Rupert Grint). Le problème : Ron sort avec Lavande Brown (la nouvelle venue, Jessie Cave). Dans cette scène, Harry essaye de consoler son amie, mais cela devient infiniment plus dur quand Ron et Lavande viennent dans ce coin sombre de Poudlard à la recherche d’un endroit pour se bécoter. Hermione les chasse d’une rafale de vent magique avant de se mettre à pleurer de plus belle. Même après le « Coupez ! », Watson continue de pleurer et Radcliffe lui offre son soutien avec un câlin persistant et un éloge qu’il lui chuchote. «C’était génial, Emma. Simplement merveilleux.»

Ne laissez pas cet aperçu d’amour de jeunesse vous tromper, quoique : le Prince de Sang Mêlé pousse un peu plus Harry dans le monde adulte. Alors que les attaques des Mangemorts de Voldemort vont bon train, Harry est extrêmement préoccupé par sa confrontation finale contre la mage noir, et étudie le passé sordide de Voldemort grâce à des leçons privées dans la Pensine de Dumbledore (Michel Gambon) qui est de plus en plus énigmatique. Il cherche une série d’objets enchantés appelés Horcruxes qui contiennent des fragments de l’âme de Voldy et découvre le secret du nouvel enseignant de potions Horace Slughorn (Jim Broadbent). Quand à l’identité du porteur du titre royal… oh, allez lire le livre bon sang ! « Jusqu’à présent, il y a eu toutes sortes de conversations sur la découverte et le combat avec Voldemort », a annoncé Radcliffe. « Dans ce film, Harry commence à s’approcher de ce que ca sera de réellement le faire. »

Bien sûr, nous savons que nous ne pourrons pas être témoins du moment de vérité avec la vilaine tête de serpent (Ralph Fiennes) avant que Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé soit rendu obsolète par deux nouveaux films. Et parce que nous savons cela, le Prince de Sang Mêlé soulève une question sans précédent sur le film à plus gros budget de l’histoire : les amateurs seront-ils toujours aussi friands de Harry ? « Je ne vais pas vous mentir », explique le scénariste nominé aux Oscars Steve Kloves, retournant à son rôle officiel de scénariste dès la fin du cinquième film, Harry Potter et l’ordre du Phoenix. « Je me fais vraiment du souci parce que les livres sont finis et que l’attente pour les films ne sera pas la même. » Oui, les films ont gagné en popularité depuis Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban d’Alfonso Cuaron qui les a littéralement mis dans la course. Et oui, il y a ceux qui suivent la saga seulement par les films – ce qui explique pourquoi nous nous abstiendrons de parler de la mort monumentale du Prince de Sang Mêlé qui vous fera pleurer à chaudes larmes. Et même avec la supériorité d’une opération marketing aussi sanglante et bien organisée que Harry Potter, il y a, eh bien, une douce incertitude. Kloves se permet une pensée improbable, puis rit. « Ce serait un crash complet si personne ne se pointait. »

Publié en 2005, record de vente qui relègue au second plan les films de l’été y compris le prologue final de Star Wars, Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé est un tome de 652 pages qui, comme d’habitude, dévoile son histoire au rythme d’une année scolaire. Mais il marque une rupture avec les autres livres – il trace l’évolution de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, d’un garçon nommé Tom Riddle jusqu’à l’éloge diabolique du génocide d’un despote. Ce récit est ponctué de plusieurs flashbacks, avec Harry et Dumbledore qui plongent dans des bassins de mémoire magiques et qui observent depuis des coins ombragés comme des voyeurs fantomatiques. « Cela illustre juste à quel point le passé peut influencer le présent et combien les actes malfaisants peuvent se répercuter des années et affecter tant de vies. » explique Kloves.

Tout cela est sophistiqué d’un point de vue littéraire, mais comme matière première pour un film, ça représente un défi. Screenwriting 101 dit que les films doivent continuer à avancer et avoir des protagonistes qui agissent et ne se contentent pas de regarder les autres agir. Kloves s’était préparé à cette corvée, mais après l’écriture d’un projet peu maniable qui comprenait tous les retours en arrière, le scénariste et le cinéaste auteur, David Yates, ont décidé de changer de cap. « Nous avons dispatché les flashbacks en trois scènes », explique le producteur, dont l’adaptation de l’Ordre du Phénix lui a rapporté 938,5 millions de dollars (en seconde position derrière le premier opus de la saga) et qui a signé pour les deux films des Reliques de la mort. « On voit Voldemort comme un petit garçon et, à deux occasions, on le voit comme un étudiant. Grâce à cela, nous honorons l’œuvre de Jo, mais nous évitons ainsi de tomber dans les culs de sac du récit. » Yates, dont le comportement studieux rappelle une exubérante énergie de jeune garçon, était un directeur de télévision célèbre avant la saga Potterienne. Il dit que la franchise est une « bonne toile créative » qui l’a inspiré pour son retour. « Vous avez le plus grand terrain de jeu ici », explique-t-il. « Si vous pensez à quelque chose, vous pouvez le faire. »

Yates est un leader discret sur le tournage. Après avoir regardé Radcliffe et Watson exécuter la scène de l’escalier plus tôt dans la journée, Yates saute de sa chaise, monte l’escalier comme une flèche et explique, d’une voix qui semble en réalité constructive et douce : « Vous me faites l’effet d’avoir répété cela un million de fois auparavant et d’y arriver à peine. J’ai besoin que vous soyez à fond dedans. » Les enfants ont apparemment de bonnes raisons d’améliorer leur jeu. Avec Yates et Kloves qui choisissent d’abréger l’histoire de Voldemort, le Prince de Sang Mêlé met le trio Harry/Ron/Hermione au centre. Dans une autre direction, « Il y a plus pour moi à faire, ce qui me rend vraiment heureux. » explique Grint qui, avec Watson, avait un rôle diminué dans les deux derniers films à cause d’une stratégie d’adaptation amorcé par Cuarón pour garder l’attention sur Harry. Une intrigue secondaire de l’Ordre du Phénix dans laquelle Ron devenait un joueur de Quidditch avait été abandonnée, par exemple, mais elle a été remise à jour par le Prince de Sang-Mêlé. Tristement, Grint a découvert que l’illusion du vol dans ce sport n’est pas exaltante. « J’ai toujours voulu le faire », explique l’acteur roux qui aura 20 ans ce mois-ci. « Mais imaginez passer des heures assis sur un balais dans une grande pièce bleue, seul avec vous-même. C’est un peu ennuyeux et ça fait un peu mal. C’est décevant, j’imagine. »

Watson, 18 ans, s’était résignée à avoir un plus petit rôle dans le Prince de Sang Mêlé. « En lisant le livre, je ne pensais pas que Hermione serait dedans plus que ça, mais c’est un changement qui sera plus intéressant et stimulant encore. » explique-t-elle. Une âme secrète et bohème qui était la dernière du trio à signer pour jouer dans les derniers films, Watson a compté sur ses propres instincts pour comprendre la peine de cœur d’Hermione. Radcliffe a dû manœuvrer avec son propre labyrinthe amoureux dans le Prince de Sang Mêlé – la scène d’ouverture montre Harry flirtant avec une serveuse et à Poudlard, il tombe amoureux de la sœur de Ron, Ginny (Bonnie Wright). Il dit qu’il a joué les scènes les plus importantes selon les leçons de « l’école de flirt Daniel Radcliffe ». Ce qui signifie ? « Regardez les jusqu’à ce qu’elle vous remarque et espérez pour le mieux. » Vous ne pensiez pas que la vie trépidante de Harry Potter laisserait de la place pour cultiver l’expérience réelle de la rencontre amoureuse, mais d’une manière ou d’une autre Radcliffe a acquis de l’expérience. « Je n’avais aucune idée de comment parler aux filles jusqu’à cette année. » explique l’acteur de 19 ans durant une pause sur le tournage en Avril dernier. « J’ai toujours sorti des conneries insignifiantes quand je flirtais, mais j’aime penser que je le fais d’une façon quelque peu attachante. »

Il y a une intrigue amoureuse qui n’a pas été introduite dans le Prince de Sang Mêlé, cependant. Dans le premier projet de scénario de Kloves, il avait écrit un passage (qui ne se trouve pas dans le livre) dans lequel Dumbledore parle d’une fille moldue de sa jeunesse. Il l’a rapidement et discrètement corrigé. « Je marchais à travers les studios de Leavesden avec Jo qui faisait une première lecture du script. » se souvient Kloves. « Et comme nous entrions dans le Grand Hall, elle s’est penchée vers moi et a chuchoté « j’ai vu le passage sur Dumbledore, mais le fait est : il est gay »». Après, Rowling a révélé la sexualité du magicien à toute l’équipe du tournage – et avant qu’elle fasse la une avec l’annonce public de la nouvelle l’automne dernier – Yates avait décidé d’enlever le passage. « J’ai juste pensé la scène sans cela » dit-il. « Je pense que le fait que Dumbledore soit gay est merveilleux. Ça donne une touche authentique au personnage. »

Les intrigues amoureuses du Prince de Sang-Mêlé sont plus intenses que dans l’Ordre du Phénix et amorcent le calme avant la tempête que sont les Reliques de la mort, mais le film n’est pas Quand Harry rencontre Sally« C’est plus une histoire d’amour sur le fond de guerre. » explique le producteur David Heyman. Dans une nouvelle scène, approuvée par Rowling et conçue pour dramatiser le monde en difficulté de Harry, un intermède idyllique au Terrier est violemment interrompu par une attaque des Mangemorts. Le film inclut naturellement le moment le plus dur du film – celui impliquant Celui-dont-la-mort-ne-doit-pas-être-nommée (afin de ne pas gâter le moment pour ceux qui n’ont pas lu le livre). Radcliffe a avoué que le tournage de la séquence était un défi pour lui car il y avait des figurants sur le tournage à l’époque, et beaucoup d’entre eux s’en faisaient une fête. Problème supplémentaire : le jeune acteur avait une expérience limitée de la mort, et était inquiet sur sa façon de jouer la scène : « Je ne prétends pas en avoir fait une interprétation incroyablement précise » dit-il. « Pour les gens qui ont perdu quelqu’un dans leur vie, si je n’ai pas apporté à la scène ce qu’ils voulaient ou s’attendaient à voir, j’en prends la responsabilité et je m’excuse. »

Il est sensible et respectueux, s’auto-dénigrant sérieusement – il est difficile de ne pas être impressionné par Radcliffe. Par tous les enfants. S’attaquer au directeur Chris Colombus pour son adaptation trop littérale des deux premiers romans de la saga à été à la mode, mais il serait absurde que ce casting ne montre pas son intelligence. « Il y a beaucoup de soi-disant enfants stars qui aspirent à exercer cette activité, et vous savez aussi qu’ils ont 15 ans et sont en désintoxication. » explique Robbie Coltrane qui joue Hagrid. « Ça ne se passe pas comme ça ici. Si quelqu’un vient ici et dit du mal d’eux, je pense que 300 costauds entreraient en action et le tuerait. »

Emma est fatiguée d’avoir tourné son premier rôle de femme de premier ordre, l’histoire de Napoléon et Besty. De plus elle planifie son entrée à Cambridge. Elle dit que l’équilibre entre l’environnement établi par Colombus et Heyman est « la raison pour laquelle Dan, Rupert et moi, ne sommes pas devenus complètement fous. » En tout cas, pas fou dans le mauvais sens. Grint est un mec délicieusement original – un type qui conduit un camion de glace, joue du didgeridoo, et qui revendique le fait que Les joies de la peinture est son émission préférée. Ce n’est plus un enfant, mais cela ne signifie pas qu’il est prêt à laisser Potter derrière lui. « Ce sera triste quand tout sera fini » explique Grint. « Je vais avoir 22 ans. Ça représente une grande partie de ma vie – la moitié de ma vie en fait au moment où nous terminerons. Heureusement, je ferai d’autres trucs quand ça sera fini. »

L’avenir pèse sur eux, plus encore sur Radcliffe. Convaincu de faire du jeu sa profession, il a pris un grand nombre de contrats qui sont vraiment en dehors de l’univers Potter – le plus remarquable, émotionnellement et physiquement, étant son interprétation nue au West End dans Equus, qui lui a valu de bons commentaires durant son grand succès à Londres l’année dernière. (Il reprendra son rôle à New York le 5 Septembre à Broadway). « Si j’avais juste fait ces films sans autre chose à côté, je serais devenu vraiment frustré, et j’aurais commencé à m’inquiéter de la pression que suppose la vie après Potter. » explique Radcliffe. Il espère que son expérience d’acteur hors Potter « facilitera l’idée pour le public que je m’apprête à faire autre chose. »

Cependant, il faudra un peu de temps à Radcliffe pour savoir si sa stratégie de sortie a fonctionné. Au moins, il peut dire que son travail l’a préparé aux Reliques de la mort, dont le tournage débutera au printemps. Le jeune acteur explique qu’il se projette plus vers ce qui l’obsède, la séquence émotionnelle dans laquelle Harry marche à travers la forêt vers sa confrontation finale avec Voldemort, accompagné des fantômes de Sirius Black, de ses parents et autres. Il est bien sûr excité à l’idée de tourner les dernières séquences d’Harry, rêvant de la rencontre avec Dumbledore, bien qu’il ait récemment relu le passage dans le livre et découvert avec surprise que Harry était nu dans cette scène. « Au début, j’ai pensé que j’avais un pantalon » raconte Radcliffe. « Apparemment, non. » Est-il nerveux ? « Bah, je ferai en sorte de l’être. » dit-il dans une bravade moqueuse. « Je m’y suis habitué maintenant, vraiment. »

Portolien

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12 commentaires

  1. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    J’ai toujours sorti des conneries insignifiantes quand je flirtais…
    Lol^^, j’vois plutôt bien les scènes!

    On en apprend toujours plus sur les projets des acteurs, projets qui paraissent très ambitieux, je trouve..Ah finalement, E.Watson va à Cambridge..Bonne chance à elle!

    Et, juste comme ça, j’aime bien le titre de la brève: « There will be Half-blood »! Bien pensé!^^

  2. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    Eh bien! Quelle traduction! Ce texte se lit tout seul. Choixpeau bas.

    Maintenant, du point de vue du contenu… Certes, c’est toujours croustillant de voir l’envers du décor et ça fait toujours plaisir d’avoir des nouvelles, un peu comme un ami qui habite loin et qui appelle 2 fois par ans!

  3. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    Euh… 2 fois par an… Sans s, c’est mieux…

  4. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    Bravo pour la traduction. Cet article est très agréable à lire, à tous points de vue.

  5. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    Moi je dit chapeaux au traducteurs

  6. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    waouh, il est trop bien cet article.
    merci beaucoup sifrette et http://www.poudlard.org pour la traduction

  7. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    Nouvelles photos du Trio sur le tournage du 7ème opus à Londres et une de Emma et Dan dans une scène de camping en Ecosse … 😉 !

    Vive http://www.poudlard.org !! =)

    http://emma-watson.net/

  8. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    génial merci beaucoup!!!

  9. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    Intéressant. Enfin, par rapport à la faible actualité du moment, quoi.

    « le producteur, dont l’adaptation de l’Ordre du Phénix lui a rapporté 938,5 millions de dollars » => « … à qui l’adaptation a rapporté… »

  10. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    Quand on dit de moins en moins de choses, c’est qu’on a des trucs à se reprocher. Dans ce cas, la Warner devrait se taire totalement, et pour un bon moment.

  11. Harry Potter : There will be « Half-blood »
    Avant tout, juste une petite faute que j’ai remarquée à la fin : « je ferai en sorte de » sans s à « ferai ». Sinon, bravo aux traducteurs, car il est vrai que la traduction est un exercice vraiment difficile. Article intéressant à tout point de vue, merci. J’ai hâte de voir le film.