Harry Potter à l’école de la traduction

Gryffondor, Serdaigle, Serpentard, Poufsouffle… Voilà bien des noms qui ont bercés notre enfance ! Et pourtant, savez-vous à qui nous les devons ? À J.K. Rowling, certes, mais également à Jean-François Ménard, le traducteur français de la saga.

Mais alors, d’où viennent-ils ces noms ?

Dans la mesure où il serait bien trop long d’expliquer la traduction de chaque nom propre ou mot inventé de la saga, nous allons ici nous concentrer sur les noms des maisons et sur celui de l’école. Pour plus de réponses, n’hésitez pas à regarder cette vidéo, retrouvée dans les archives interdites de la bibliothèque, dans laquelle Jean-François Ménard en explique plus.

  1. Gryffondor : est-il vraiment nécessaire d’expliquer le lien entre Gryffindor et Gryffondor ? La traduction est littérale puisque « griffin » signifie en français « griffon ».
  2. Serdaigle : le nom original signifie « serre de corbeau » (« Ravenclaw »). Le traducteur a ensuite expliqué qu’il était simplement plus esthétique de traduire cela « Serdaigle » plutôt que « Sercorbeau ». Un choix d’autant plus intéressant lorsqu’on sait que la mascotte de cette maison est un aigle, ce qui peut paraître paradoxal pour les lecteurs anglophones.
  3. Poufsouffle : la traduction du nom de cette maison est peut-être la plus intéressante. En effet, le nom anglais « Hufflepuff » vient du conte des trois petits cochons dans lequel le loup affirme « I will huff and puff » (je soufflerai [pour détruire votre maison]). Il y a une idée d’essoufflement à la tâche puisque les Poufsouffle ont généralement plus de difficultés scolaires et il y a une allitération en « f ». L’idée a été conservée en français avec cette notion d’être à bout de « souffle ».
  4. Serpentard : en anglais, « slither in » signifie « serpenter », « ramper », ce qui donne ensuite le nom « Slytherin », d’où la traduction « Serpentard ». On peut également supposer que la terminaison « ard » donne une connotation un peu plus négative à cette maison qui est réputée pour avoir accueilli tous les mauvais sorciers (mais nous on vous adore, les Serpentard !)
  5. Poudlard : Jean-François Ménard explique dans la vidéo ci-dessus que la version anglaise « Hogwarts » signifie « verrues de cochon », ce qui, comme vous pouvez le constater, n’est pas des plus élégants en français. « Verrue » est alors devenu « pou », un autre fléau, et « cochon » s’est transformé en « lard ».

De plus, même si certains mots ont perdus leur double signification, d’autres en ont gagné une. Par exemple, Diagon Alley (diagonally) devient le Chemin de Traverse en français, mais le Sorting Hat devient le Choixpeau, un jeu de mot que ne permettait pas la langue anglaise.

La traduction dans les autres langues…

On peut remarquer que les noms des maisons et de l’école ont été conservés dans certaines langues, par exemple l’allemand. Cependant, il est intéressant de noter dans ce cas de figure que les germanophones emploient de manière générale bien plus d’anglicismes que les francophones. Parallèlement, Hermione devient Hermine dans la traduction allemande, certainement par souci de prononciation.

D’autres langues telles que l’italien ont décidé, tout comme le français, de traduire les noms de maisons. Ainsi, Poufsouffle est par exemple devenue Tassorosso et Serdaigle s’est transformée en Corvonero

Autre fait intéressant : Dumbledore a été traduit par Silente en italien, soit « silencieux ». Drôle de choix ? Selon la note du traducteur accessible dans l’introduction du livre, cette appellation symboliserait une « aura de sagesse supérieure ». Une traduction dont on pourrait débattre mais qui a le mérite de pousser à la réflexion. Un Potterhead italien explique que « silente » ne signifie « silencieux » que dans le cadre de paysages ou d’objets. Ce serait donc plutôt de l’aspect majestueux du directeur qui serait mis en avant.

Pour conclure, tout ceci n’est qu’un très vaste aperçu de l’incroyable univers de la traduction. Le sujet est si large qu’on peut même trouver des mémoires de master sur cette thématique. En effet, traduire des mots inventés par l’auteur original est un défi de taille et nous ne pouvons qu’être admiratifs face au travail des traducteurs de la saga, quelle que soit leur langue de travail.