Compte-rendu détaillé de la première journée

Quelques-uns des faits et révélations les plus importants, et l’avis général de J.K.R sur le Lexicon :

J.K. Rowling a déclaré que si RDR l’emporte et que le marché se voit submergé par des livres similaires au Lexicon (elle les décrit comme “une avalanche de scories« ), « au moment où [son] encyclopédie sortira, tout le monde en aura plus qu’assez des encyclopédies ‘Harry Potter’”. Elle n’aura alors peut-être plus “la volonté ni le cœur” de parachever la rédaction de sa propre version.

L’avocat de Warner Bros./Rowling a expliqué que Steve Vander Ark fait apparemment “toujours pression” pour être compensé financièrement dès lors que, selon lui, une frise chronologique [provenant de son site] a été réutilisée pour les DVDs Harry Potter. Selon J.K. Rowling, il a réclamé un “montant exorbitant”, qui s’est avéré bien plus élevé que ce que l’auteur avait elle-même touché pour ses trois premiers romans.

Elle a expliqué que selon elle, Steve Vander Ark et Roger Rapoport avaient l’intention de se partager la recette perçue. Concernant la frise chronologique, J.K. Rowling a affirmé : “[Steve Vander Ark] a lui-même copié les dates [à partir de mes livres].” À ce moment, la défense a soulevé une objection en raison du manque de pertinence des propos proférés ; les plaignants ont fait remarquer que cette histoire n’était aucunement liée à l’affaire mais démontrait plutôt que J.K. Rowling craignait que Steve Vander Ark puisse l’accuser de le plagier dans sa propre encyclopédie, ce que le Juge a pris en compte en permettant cependant aux plaignants de poursuivre leur plaidoyer. J.K. Rowling a ajouté : “Même un sombre imbécile, pardonnez mon langage- pourrait réaliser une frise chronologique en se fondant sur un certain nombre de dates mentionnées dans un livre. Je ne comprends absolument pas qu’il puisse croire qu’il ait réalisé quelque chose qui ait autant de valeur [avec cette frise] et qu’il puisse penser qu’il mérite d’être payé pour cela.

J.K. Rowling a poursuivi en expliquant qu’elle ne s’était référée au Lexicon que deux fois, et qu’elle l’avait consulté uniquement dans l’optique de le récompenser par un “A pour effort” selon ce qu’elle avait pu voir. Elle a expliqué que le Prix du Site de Fan n’était pas une marque de haute qualité du contenu et a ajouté qu’elle aurait facilement pu faire une recherche Google et ainsi trouver les informations dont elle avait besoin sur un site différent. “Le fait est [qu’une recherche Google] vous permettra de trouver les informations dont vous avez besoin… mais parce que je connaissais [le site du ‘Lexicon’], je voulais dire que je l’avais utilisé, lui faire un peu de publicité et lui remettre un prix. Est-ce que je le regrette maintenant ? Oui, je le regrette amèrement.

Une question abordée précédemment portait sur le fait que RDR avait vendu les droits du livre en Grande-Bretagne et en Australie. Roger Rapoport a déclaré qu’il n’avait passé que des contrats oraux à ce moment-là mais que les termes de ces contrats n’avaient pas encore été conclus.

On a demandé à J.K. Rowling si le Lexicon n’était qu’une “simple photocopie” de son œuvre : elle a répondu que “c’était presque ça”. David Hammer a répliqué en disant qu’il y avait une section consacrée à chaque personnage, et elle lui a rétorqué, “Oui, c’est ce que vous avez de mieux à dire à propos du ‘Lexicon’ ? Qu’il a du contenu ?” M. Hammer lui a répondu que le livre était le fruit d’un dur travail, ce à quoi JKR a répliqué, “Oui, cela a représenté un travail énorme. Je me souviens l’avoir accompli.

Steve Vander Ark était présent au début des débats mais on lui a demandé de quitter la salle d’audience peu de temps après qu’ils aient été entamés.

L’affaire s’est ouverte sur une note humoristique : les avocats s’introduisaient auprès de l’assistance et David Hammer, l’avocat de RDR Books, a ajouté, “et l’homme sans lequel nous ne serions pas tous présents ici, Roger Rapoport”. Dale Cendali a par la suite rapidement glissé qu’“aucun de nous ne serait ici si J.K. Rowling n’avait pas été présente parmi nous”.

Le témoignage de J.K. Rowling :

Contrairement à ce qui a été déclaré dans la presse, J.K. Rowling n’a pas été appelée à la barre par la défense mais par les plaignants. Un des avocats de ces derniers a fait mention d’une discussion dans laquelle le Juge Robert Patterson avait expliqué qu’il était prêt à considérer la déclaration faite plutôt par l’auteur comme témoignage, mais elle a tout de même voulu être présente et parler de vive voix. Elle a affirmé qu’elle voulait venir d’Écosse tout spécialement pour cette occasion parce que, “cela me concerne personnellement. C’est pour cela que je ne préférais pas me tenir éloignée. Il y a un principe de base à défendre ici, et je suis résolue à faire entendre ma voix si c’est tout ce que je suis en mesure de faire.”. Elle a ajouté, “Je pense que ce livre est une exploitation totale de mes 17 années de dur labeur.
Il est pauvre en commentaires, la qualité des quelques notes que l’on peut trouver de-ci de-là est dérisoire et il profane ce que je me suis appliquée si durement à écrire.

Les plaignants se sont arrêtés sur le passé de J.K. Rowling et ont parlé de l’époque où elle vivait des allocations qu’elle touchait, et d’un don dont le montant s’élevait à 8000£, ce qui représent à l’époque“une véritable fortune” pour elle. Elle a expliqué qu’il y avait “des semaines où elle était à court de nourriture” ; et, questionnée concernant sa réaction face au succès remporté par Harry Potter, elle a répondu, “Il n’y a pas de mots assez forts pour exprimer ce que j’ai ressenti. Sidérée, étonnée. C’était toute ma vie, sans compter mes enfants.” Quand on lui a demandé ce que Harry représentait pour elle, elle a respiré avec difficulté avant de répondre, “Je ne veux pas pleurer, parce que je suis Britannique. Cela a signifié faire passer mes enfants au second plan, ça a occupé toute ma vie [pendant 17 ans].

Il est difficile de comprendre ce que signifie le fait d’être créateur de quelque chose, pour quelqu’un qui ne l’a jamais été. [C’est comme si l’on vous demandait] ‘Que ressentez vous à propos de votre enfant ?’

Ces livres m’ont sauvé la vie… ils m’ont même aidée à rétablir mon équilibre mental à un moment.

Il a été fait mention des ouvrages Les Animaux Fantastiques et Le Quidditch à Travers les Âges comme ayant rapporté plus de 18 millions de livres sterling, soit plus de 22 millions d’euros.

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L’encyclopédie de J.K. Rowling :

C’est mon intention depuis longtemps [de rédiger ma propre encyclopédie].”. Elle a commencé à rédiger le livre, et n’en est qu’au début, mais a affirmé qu’elle était en train de travailler sur le plan pour le développer plus. Elle avait expliqué il y a quelques temps que cela lui prendrait deux à trois ans pour le finir; mais plus récemment, “il y a quatre semaines, mes obligations dues au procès ont été tellement importantes que j’ai été contrainte de faire une pause dans mon travail… Cela a affecté ma capacité créative le mois dernier.

Si mes fans devaient être soumis à une indigestion de livres ayant peu de valeur – communément appelés lexiques – je ne pense pas que j’aurais le cœur ou la volonté de continuer à écrire mon encyclopédie.

Elle a expliqué qu’écrire une encyclopédie et écrire un roman étaient deux choses très différentes, que [la rédaction de l’encyclopédie] n’était pas quelque chose qu’elle abordait avec “un cœur aussi léger que lorsqu’elle écrivait un roman,”, mais que cette “besogne” en valait la chandelle parce qu’elle est convaincue que ses fans l’attendent avec impatience et que cela sera une belle opportunité de rassembler des fonds importants pour une œuvre caritative.

Elle a entendu parler du fait que le Lexicon serait publié pour la première fois durant son Book Tour aux États-Unis en octobre 2007 et a déclaré qu’elle était “vraiment choquée”. “J’étais partie du principe que M. Vander Ark agissait en toute honnêteté. Je l’ai cru quand il a déclaré que la rédaction d’une version manuscrite de son site était un passe-temps. Je me suis sentie trahie dans un sens.

Elle a ajouté qu’elle avait lu le Lexicon dans son intégralité.
J’ai la ferme conviction que [le livre de Vander Ark] est peu soigné, peu documenté et qu’il s’accapare mon œuvre toute entière.
Cet échange de propos a eu lieu entre JKR et David Hammer :

JKR : “Une réorganisation alphabétique [de ‘Harry Potter’ par Vander Ark] était la manière la plus simple et la moins fatiguante de revendre mon travail.
DH : “[Mais est-elle tout de même utile ?]
JKR : “Que voulez-vous dire ?
DH : “Est-ce un moyen simple de trouver les informations voulues ?
JKR : “Je ne comprends pas.
DH : “Avez-vous déjà utilisé un dictionnaire ?
JKR : “Êtes-vous en train d’insinuer que M. Vander Ark va m’apprendre à épeler des mots?

JKR : “L’une des raisons pour lesquelles nous sommes tous ici est que – en achetant le Lexicon – si vous payez [25 dollars] pour accéder aux informations qu’il contient, alors que vous pouvez déjà les trouver dans les livres Harry Potter, ne pensez-vous pas que vous vous êtes fait voler ?

Si [le ‘Lexicon’] en venait à être publié, je pense que cela donnerait carte blanche à tous ceux qui veulent se faire de l’argent facilement et rapidement, [que cela les aiderait] à détourner une partie des fonds générés par Harry Potter vers leurs propres poches. … Je ne suis pas enchantée à l’idée de voir émerger des œuvres que je considère comme étant de mauvaise qualité qui se réfèrent à ‘Harry Potter’.

Pourquoi le Lexicon est un plagiat éhonté de ses livres, selon Rowling :
(La suite est un énoncé des arguments de J.K.R, non un quelconque constat des faits des rédacteurs.)

Le lexique abrège mon intrigue. Et qu’apporte-t-il [de plus] ? Des commentaires facétieux, quelques notions d’étymologie, qui s’avèrent souvent être inexactes. Un enfant muni d’un dictionnaire de latin de poche pourrait décoder les mots que [Steve Vander Ark] a étudiés.

– Des passages du manuscrit du Lexicon démontrent clairement que Vander Ark “n’a pas entièrement compris les livres. Même au plus bas degré, je ne considère pas le ‘Lexicon’ comme un livre ayant un quelconque intérêt. Je le considère plutôt comme une parodie [de mon œuvre]. Je ne lui trouve aucune utilité.
Par exemple, Vander Ark a mal interprété la raison de la survie d’Harry lors de son affrontement final avec Voldemort. Le Lexicon explique que c’est parce que la baguette magique d’Harry ne se retournerait pas contre Voldemort, tandis qu’elle dit que c’est à cause du sacrifice de sang de la mère d’Harry. “C’est une grave erreur.

– “Chaque entrée contient des éléments de mon intrigue, mes mots, pratiquement inchangés et rarement indiqués par des guillemets de citation… il induit parfois même en erreur.” Elle a ajouté que dans les quatre ou cinq cas où elle n’a pas été copiée, “pour chacun d’eux [Vander Ark] se trompe”.

– J.K.R a réalisé avec sa fille Jessica un tableau comparatif entre le Lexicon et ses livres ; personne ne lui a demandé de réaliser ce tableau, a-t-elle expliqué, mais “cela m’a fait me sentir incroyablement confiante”.
Par exemple, en ce qui concerne la description de Salle aux Cerveaux au Ministère de la Magie (l’Ordre du Phénix) par exemple, J.K. Rowling a imaginé des cerveaux se hissant hors des bocaux verts où ils sont entreposés, et attaquant Ron [dans l’Ordre du Phénix], laissant derrière eux des traînées semblables à des couches de celluloïd. Elle a beaucoup réfléchi pour établir cette comparaison, et l’entrée du Lexicon qui s’y rapporte utilise la même imagerie qu’elle a mis tant de temps à établir, mot pour mot. À partir du moment où aucun signe de citation n’apparaît, “dans le prétendu livre de M. Vander Ark, c’est comme s’il en revendiquait l’écriture.
Lors de sa contre-interrogation, Hammer a demandé à JKR pourquoi elle n’avait pas, dans sa propre analyse, cité l’entrée du Lexicon dans son intégralité ; ce à quoi l’auteur a répondu qu’elle n’avait pas le temps de discuter de chaque entrée en profondeur, et que si elle avait dû s’arrêter sur tous les passages où son travail avait été plagié et copié, cela lui aurait pris une semaine. “En réalité [l’entrée de la Salle aux Cerveaux] est encore plus riche en plagiat, dois-je vous montrer où ?”. Elle a indiqué trois autres endroits où la formulation employée dans le Lexicon était identique à celle de ses livres. Elle a expliqué qu’elle avait donné quelques directives pour la réalisation des films concernant le passage de la Salle des Cerveaux, parce que pour elle, cette scène du livre était assez unique […]. “C’était un exemple particulièrement frappant de l’impudence [de Vander Ark]”. Hammer lui a ensuite demandé pourquoi elle n’avait pas cité l’expression “selon”, employée dans le Lexicon (“Selon Phineas Nigellus…” etc) et JKR lui a répondu, “[Steve Vander Ark] pense qu’en mettant ‘selon’, tout ce qui suit n’a pas besoin d’être signalé comme étant une citation directe.

Si on devait rajouter des guillemets de citation là où cela était requis, on trouverait entre les guillemets “pratiquement le livre dans son intégralité.
– La description de l’armure fabriquée par les gobelins, et de la façon dont « elle absorbe uniquement les matériaux qui la rendent plus résistante » : le Lexicon utilise les mêmes termes qu’elle. Interrogée à propos de l’expression “absorbe uniquement les matériaux qui la rendent plus résistante” pour savoir si elle avait fourni un effort considérable pour la formuler : “Je ne vous mentirai pas en vous disant que cela m’a demandé beaucoup de temps [mais] [mes mots ont été volés] dans pratiquement chaque section [du ‘Lexicon’]”.

– Vander Ark a abrégé le contenu d’Harry Potterchaque fois qu’il en a eu l’occasion”. Sa méthode, c’est “[qu’]à chaque fois qu’il décrit un nouveau personnage, il en donne l’apparence physique que j’en donne dans mes livres, mot pour mot, sans guillemets de citation, puis abrège le tout”.

L’entrée consacrée à Voldemort :

Je pense que c’est un parfait exemple de plagiat complet de mon travail, et Vander Ark a vraiment raté le coche ici. D’autres écrits critiques ou analytiques ont eu beaucoup à dire concernant Voldemort, ce qu’il représente, la psychologie du personnage, l’archétype du méchant… Je pense qu’il s’agit du fruit d’un travail de recherches peu poussé, vraiment très peu poussé.

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“Le Quidditch à Travers les Âges” :

‘Le Quidditch à Travers les Âges’ a été pillé. Il n’y a strictement aucune raison de l’acheter [si l’on possède déjà le ‘Lexicon’], pourquoi quelqu’un voudrait-il l’acheter ? … M. Vander Ark a dépouillé ce livre. Il n’y a aucune interprétation dedans, aucun commentaire, il l’a simplement pris et copié.

Lors du contre-interrogatoire, Hammer a essayé de convaincre JKR que le contenu du Lexicon n’était pas qu’un simple résumé de l’intrigue parce que la plupart des dits résumés du Quidditch à Travers les Ages sont chronologiques, tandis que le Lexicon ne suit clairement pas cette règle, puisqu’il s’ouvre sur une information mentionnée dans le sixième tome. “Cela ne décrit clairement pas le personnage mais montre simplement quel est son rôle”, a expliqué JKR. “Montrez-moi s’il vous plaît dans cet extrait où il est question du personnage… Il se trouve que le sixième tome contient des éléments d’histoire dont il a été parlé pour la première fois plus tôt dans la saga, donc il commence son livre en citant ces informations antérieures pour ensuite suivre [l’ordre chronologique des livres].

“Les Animaux Fantastiques” :

Tout comme ‘Le Quidditch à Travers les Âges’, ‘Les Animaux Fantastiques’ ont simplement été repris. Repris et à grande échelle. Je ne vois aucune motivation quelle qu’elle soit pour donner de l’argent à l’association caritative Comic Relief s’ils ont acheté le ‘Lexicon’, puisque les fruits de la vente auront été détournés.
Concernant le Boutefeu Chinois par exemple : “c’est loin d’être exceptionnel… il reprend tout simplement mes mots. Il s’est approprié mon travail, parce qu’après tout, ce dragon sort tout droit de mon imagination. Si nous décrivions tous deux une girafe, nous utiliserions assurément les mêmes mots, mais le Boutefeu Chinois est une créature imaginaire.

Dans des déclarations liminaires, des avocats ont déclaré que le contenu du Lexicon avait récemment été édité par Steve Vander Ark afin de réduire la quantité de la copie mot à mot effectuée à partir des deux livres d’accompagnement que J.K. Rowling a écrits.
Il n’y a qu’une quantité infime de ce qu’il dit être des commentaires.

La pauvreté du Lexicon en matière d’interprétation :

-L’entrée sur l’Ogre “est au cœur de la plus grande objection” qu’elle a à faire envers le livre. En effet, cette entrée dit uniquement que Ron et Hermione ont cru apercevoir un ogre dans la saga Harry Potter. “Si un enfant lit le mot « ogre »… Quels informations supplémentaires le ‘Lexicon’ va-t-il lui apporter à ce sujet ? Il ne fait que dire que Ron et Hermione pensent avoir vu un ogre… Les ogres dans le folklore sont des mangeurs de chair géants, ce qui, je pense, devrait être mentionné, ne serait-ce que pour les lecteurs qui sont intéressés par le sujet.

-L’entrée consacrée à “la mort” est“vraiment risible”. Le Lexiconaurait dû plus développer puisqu’il s’agit du thème central des sept tomes”, et il aurait peut-être fallu commenter les différents points de vue des personnages sur la mort, ainsi que la part de psychologie que cela implique, des différents stratagèmes qu’ils usent pour lui échapper, etc. Si [le Lexicon] est loin du compte concernant cette entrée, c’est “vraisemblablement parce que cela aurait demandé trop de travail ou de conduire des recherches trop poussées.

Lors de son contre-interrogatoire, David Hammer a expliqué que cette entrée sur la mort n’est pas à propos de la mort en elle-même, mais vise plus le personnage de la Mort telle qu’il apparaît dans les livres. JKR lui a répliqué, “Monsieur Hammer, avec tout le respect que je vous dois, je ne crois pas que vous ayez une grande connaissance de mon œuvre” et a précisé que toute entrée dans un livre sur Harry Potter à propos de la mort devrait être détaillée.

L’entrée sur Remus Lupin : “J’aurais pensé dit qu’il aurait été aisé de commenter cette partie-là. J’aurais pensé que son nom aurait mis la puce à l’oreille – avec évidemment une double allusion à sa nature de loup-garou… [par ailleurs] la lycanthropie est une image du virus du sida”, une métaphore pour quelqu’un qui a été infecté tôt, qui est victime des préjugés et apeuré à l’idée de transmettre son état. C’était aussi une image répondant à la question “Pourquoi les gens peuvent devenir désagréables ?”. Aucun de ces éléments n’était présent dans le livre.

J.K.Rowling n’a rien contre les autres guides sur Harry Potter :

JKR est contre “le fait de faire des bénéfices en revendant au public des choses qu’il connaît déjà”, mais elle pense qu’un grand nombre des livres d’accompagnement de sa saga sont bons.
Elle dit Des mondes magiques de Harry Potter, de David Colbert : “J’aime vraiment ce livre ; ils peuvent le mettre sur la quatrième de couverture s’ils le souhaitent.
Le Lexicon constitue une “tentative éhontée de vendre aux fans les informations” qu’ils ont déjà dans leurs livres.

Par ailleurs, J.K. Rowling s’est servie du livre de David Colbert pour parler de l’entrée consacrée à Fumseck et du fait que l’extrait du Lexicon traitant du même sujet était “loin d’être une liste exhaustive des moments où le phénix apparaît dans les livres”, tandis que la section du livre Des mondes magiques de Harry Potter à ce sujet s’étend sur trois pages et demie, en mentionnant notamment les connotations égyptiennes et mythologiques qui lui sont rattachées, ainsi qu’une explication sur son nom, Fumseck [ndlr : Fawkes en anglais], celui-ci étant dérivé de Guy Fawkes, un homme qui a tenté de faire exploser le Parlement.

En contre-interrogatoire, sa connaissance des autres livres sur Harry Potter a été contestée, ce à quoi elle a répondu que, bien qu’elle sût qu’il y avait “un grand travail de commentaire” dans ces livres, elle ne pouvait affirmer avec certitude que ces livres fussent complets. Il lui a été demandé si l’un d’eux contenait une liste complète de tous ses personnages, ce à quoi elle a répondu qu’elle n’en avait aucune idée parce qu’elle ne les avait pas tous parcourus, puis a demandé à l’avocat s’il voulait le faire maintenant. Il lui a répondu oui et elle s’est donc mise à feuilleter l’un d’eux pendant plusieurs minutes afin de voir si tous ses personnages y étaient listés, et a finalement répondu que non. Il lui a alors été demandé de faire de même avec Harry Potter : Le Guide pour les Nuls, “celui que vous aimez tant” a précisé David Hammer. JKR n’avait pas ce livre avec elle à la barre des témoins, ce qu’elle a fait remarquer, et David Hammer a fait une “une remarque ironique” sur le fait que Mme Rowling l’emmenait pourtant toujours avec elle (ou du moins c’est ce qu’il pensait qu’elle faisait).

M. Hammer a donc essayé de montrer que les autres livres sur Harry Potter étaient plus courts, et avaient de longues entrées, et c’est pour cela que le Lexicon était plus complet : parce qu’il avait des articles plus courts (et peut-être le livre était-il mieux grâce à cela). JKR a répondu à cela : “Je ne crois pas qu’il y ait aucun lien.” Il a également apporté deux livres dont des représentants de J.K. Rowling avaient exigé le retrait du marché, et que JKR avait mis dans la catégorie des livres similaires au Lexicon.

Le Prix pour le site de fan :

Je croyais que M. Vander Ark montrait un intérêt obsessionnel pour les livres ‘Harry Potter’, mais dans un sens positif. Je ne pensais pas que ce qu’il avait créé soit d’une immense utilité et je pensais qu’il ne faisait que montrer sa passion pour mon travail.”. Le prix reçu était un “A pour l’effort”. Son avocat lui a demandé “Cela signifie-t-il qu’il s’agit d’un site de qualité ?” et elle a répondu : “Non. Mais je n’ai jamais vu aucun mal dedans. Je ne pensais pas qu’il serait exploité”.

Elle a étayé ses propos en disant que ce n’était pas un site internet qui serait en compétition avec ses livres ; et quand il lui a été demandé pourquoi pas, elle a répondu : “Ce n’est pas un livre.

JKR a également été questionnée afin de savoir si elle pensait que la publication du Lexicon pourrait lui faire du tort. Elle a répondu qu’une victoire pour RDR “serait uniquement une action avantageant les plagiaires et les personnes qui espèrent une rapide rentrée d’argent sur le dos du travail fourni par les autres”.

À propos de son encyclopédie, elle a déclaré : “J’ai dit que je voulais la faire et je n’ai encore jamais abandonné ce que j’avais dit que je ferais dans mon travail”, mais je préférerais ne pas l’écrire plutôt que d’être être forcée” de la sortir précipitamment dans les librairies avant “que l’avalanche ne commence. Pourquoi ce terme « d’avalanche »? “Tous ceux qui sont capables de reproduire les livres populaires d’un auteur quelconque et de les vendre comme si c’était leur création le feront”.

En ce qui concerne la frise chronologique pour laquelle Vander Ark exige une compensation financière, et du contenu du site du Lexicon :

JKR a failli s’étrangler quand quelqu’un lui a appris que le site du Lexicon était protégé dans son intégralité par droits d’auteur. “C’est mon travail, je ne l’ai pas copié. M. Vander Ark a décidé que personne ne pourrait copier le contenu de son site, mais ce qui est sur le web est mon travail. Qu’arrivera-t-il quand je publierai mon encyclopédie, M. Vander Ark me poursuivra-t-il ?

On lui a ensuite demandé si elle pensait que les fans achetant le Lexicon voudraient également acheter son encyclopédie : “Non, je ne suis pas si arrogante. Le marché des guides de lecture est moins important… [Les livres pour Comic Relief sont sortis mais] ne se sont pas vendus en quantités comparables à celles des romans.

Nous savons tous que j’ai gagné assez d’argent, je ne suis pas venue ici parce que je m’inquiète pour ça. Ce n’est pas pour cette raison que je suis ici.

Concernant la qualité du Lexicon, JKR a dit : “Je pense que c’est affreux, voire atroce.

À la question « pourquoi ? », elle a répondu qu’en plus du fait que le livre soit plutôt “peu soigné, il ne contient que peu d’éléments de recherche, je ne le considère pas comme une œuvre originale”.

Les mauvaises recherches étymologiques :

Il y a eu une discussion sur les origines du terme Alohomora : JKR a expliqué qu’il provenait d’un mot de l’Ouest africain qui signifie “ami des voleurs”, et non pas de l’hawaïen “Aloha” comme indiqué par le Lexicon. Dans le contre-interrogatoire, David Hammer lui a demandé si elle avait déjà dit en public ou expliqué à Steve Vander Ark la dérivation du mot ; elle a répondu qu’“il existe une manière beaucoup plus simple de le découvrir, c’est de faire de vraies recherches”.

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Lorsque Jo a été interrogée sur la raison pour laquelle elle n’avait pas simplement corrigé Steve Vander Ark, elle a répondu : “Ce n’est pas mon travail, j’ai déjà mes propres romans à écrire”..
David Hammer [l’avocat général de RDR Books] a demandé si ses mots avaient une sorte de signification subconsciente. Elle a répondu : “Si c’est subconscient, je ne sais pas vraiment comment je pourrais le savoir. Mais ce n’est pas très difficile de trouver leur signification sous-jacente. Ce n’est pas comme si je jetais des lettres de Scrabble en l’air et que j’inventais les mots à partir du résultat donné”.

La relation de Jo avec les sites de fans :

Jo : “Par naïveté peut-être, j’ai toujours été prompte à garder une relation très privilégiée avec les communautés de fans sur internet. J’ai simplement laissé faire. Je voyais ça d’une manière positive. Je n’ai jamais lu une fanfiction – c’est délicat de voir son travail recréé de cette manière – mais je ne les ai jamais censurées, ni voulu le faire. [Si RDR Books gagne], d’autres auteurs me regarderont de biais et diront que j’aurais dû contrôler plus les choses. ‘Elle a été stupide, elle a tout laissé faire’ [diront-ils].
Une fois sortie de la salle, Jo a rappelé pourquoi ce procès est un événement important pour le futur des relations de fans à auteurs, selon elle : “Cela ne me fait pas plaisir d’intenter une action en justice, mais je suis là aujourd’hui parce que je suis intimement persuadée que c’est un problème important qui affecte tout le monde, et pas moi uniquement. Si les livres qui en plagient d’autres sont autorisés, les auteurs, les fans et les lecteurs auront perdu. Il y a beaucoup de livres dans différentes langues qui commentent ou critiquent ‘Harry Potter’ et c’est très bien. Mais le livre dans ce cas-ci est différent. Ce n’est pas une analyse ni un commentaire. Il prend beaucoup trop et offre très peu en retour.. Je voudrais juste ajouter que je suis très reconnaissante du soutien incroyable que m’apportent partout les fans d’Harry Potter.

Le témoignage de Roger Rapoport, le directeur de RDR Books :

Ce témoignage comportait peu d’informations inédites et a principalement consisté en la lecture d’e-mails indiquant que RDR Books agissait de mauvaise foi et/ou enfreignait le copyright volontairement. Y compris quand Rapoport a contacté Steve Vander Ark pour lui suggérer de publier un livre à partir du Lexicon. Les plaignants ont essayé de montrer que, Rapoport suivant l’actualité, il était forcément au courant de l’annonce de J.K. Rowling sur NBC, où elle expliquait qu’elle prévoyait une encyclopédie. Rapoport a maintenu qu’il ne savait pas cela à l’époque.
Rapoport a répété à plusieurs reprises qu’en aucun cas il ne souhaitait faire concurrence aux livres Harry Potter. Les plaignants ont alors montré un e-mail datant du 29 août 2007 dans lequel Rapoport explique que les libraires “[lui] disaient qu’il devrait le sortir en livre de poche” parce que tous les livres Harry Potter étaient en édition de poche, et que le Lexicon serait difficile à vendre sinon.

La rapidité de l’élaboration du livre était-elle spécifique au projet ?

Nous publions nos livres très rapidement et ce n’était pas une situation inhabituelle pour nous”. Il a affirmé que sa société avait déjà monté certains livres en moins de deux semaines, à partir de rien, et qu’ils avaient été bien reçus par la critique.
Rapoport a aussi répété à plusieurs reprises que contrairement à d’autres livres de RDR Books, le livre n’avait pas réellement été “monté” durant la période allant de la date de signature du contrat à l’échéance de celui-ci, mais pendant les sept ans de mise à jour du site.
C’est un livre qui est en cours d’écriture depuis 7 ans. À vous écouter, on dirait qu’il n’y a quasiment rien eu de fait dessus”, a-t-il ajouté.

Les marchés avec les éditeurs et les libraires :

Il a été révélé que RDR avait conclu un marché avec Methuen (éditeur indépendant britannique, ndlr), ayant pour contre-partie une avance de 5000 livres sterling, de la part de Methuen. Dans un e-mail, Rapoport avait écrit qu’il trouvait que c’était une offre faible en comparaison de ce qui lui avait été proposé dans d’autres pays européens.
Dans un autre e-mail à Methuen, Rapoport dit que Jo a avoué “encore une fois que le ‘Lexicon’ est son site préféré de référence sur ‘Harry Potter’”. Rapoport a avoué aux avocats des plaignants qu’il n’avait pas été honnête, mais a maintenu qu’elle l’avait dit dans une interview… même si elle ne l’avait pas dit “exactement comme ça”.

[…]

Le secret autour du projet :

Les plaignants ont affirmé que Rapoport avait tout fait pour rendre le projet du livre secret jusqu’à sa publication. Ce dernier a répondu : “Nous ne discutons vraiment jamais de nos projets tant que les livres ne sont pas dans les rayons”. “Vous avez particulièrement pris cette précaution à cœur dans ce cas-ci”, a répondu l’accusation, ce qu’a nié Rapoport.
Et l’accusation de montrer une discussion par e-mail entre Rapoport et Richard Harris (le gérant de RDR Books, pas l’acteur évidemment !) qui disait : “Le projet Harry Potter se porte bien… On ne parle à personne de ce livre, et j’aimerais vraiment que tu gardes le secret. Je t’expliquerai les détails au téléphone ce week-end”. Il poursuit dans un autre e-mail : “On ne veut pas vendre ce livre aux maisons d’édition qui publient des livres ‘Harry Potter’”.
Les avocats de la Warner Bros. se sont concentrés sur la réticence de RDR à envoyer à Warner Bros. un manuscrit (RDR leur a même dit d’aller sur le site du Lexicon et d’en imprimer le contenu directement !), alors que dans le même temps, ils envoyaient le livre par e-mail à des éditeurs étrangers (ce qu’a reconnu Rapoport).
Rapoport a aussi raconté comment s’est déroulée la visite que lui a rendu Dale Cendali le 31 octobre 2007 pour lui annoncer qu’ils allaient porter l’affaire devant le tribunal : “Je me souviens qu’elle m’a demandé plusieurs fois d’annoncer l’annulation de la publication du livre. Elle m’a crié dessus à pleins poumons pendant 20 minutes : ‘Vous allez arrêter ce livre, oui ??’”. Rapoport avait ensuite enfin envoyé le livre à la WB.

La chronologie du DVD : un plagiat… de Vander Ark ou de Warner Bros. ?

Rappel : Lors de l’annonce d’un procès contre lui, Vander Ark et RDR Books avaient essayé de contre-attaquer en accusant à leur tour Warner Bros. d’avoir repris une des chronologies du site, sur le DVD de l’Ordre du Phénix.
Mais lors du procès, très vite, vous allez le voir, ils se sont retrouvés bien en peine de se défendre réellement :
Rapoport : “Steve Vander Ark a créé une chronologie originale qui s’est retrouvée sur les DVDs.
Avocat de W.B. : “Vous savez que c’est Mme Rowling qui a créé les sept livres originaux et que cela été copié sur le ‘Lexicon’.
Rapoport : “Non.
Avocat de W.B. : “Vous affirmez donc qu’il n’a pas pris les éléments à partir des livres.
Rapoport : “Non.
Avocat de W.B. : “Vous voulez dire que si?
Rapoport : “Non.

Vander Ark a-t-il copié le travail de J.K. Rowling ?

Lorsque les avocats de W.B ont posé la question à Rapoport, il a répondu que non. Le juge lui a demandé d’être plus clair. Réponse de l’intéressé : “Il m’a posé une question générale, je lui ai donné une réponse générale.
Avocat de W.B : “Êtes-vous au courant que Mr. Vander Ark a copié des termes spécifiques des livres de JKR ?
Rapoport : “Citez-moi des passages en particulier.
Avocat de W.B. : “Sur l’ensemble des 400 pages.
Rapoport : “La réponse c’est que le livre ‘Harry Potter Lexicon’ peut avoir une utilité.

La rémunération des auteurs du Lexicon :

Les trois autres auteurs du livre étaient-ils censés obtenir une rétribution financière ? Rapoport a dit qu’il n’avait pas signé de contrat avec eux mais que Steve Vander Ark avait l’intention de les rémunérer. WB a demandé si parmi les nombreuses personnes qui avaient contribué au Lexicon au fil des années, certaines allaient être rémunérées également. Rapoport a fini par lâcher : “Si le livre a du succès, on peut envisager pas mal de possibilités”. Il a également comparé le livre à Wikipédia, dans son mode d’écriture collective.

Le Lexicon, vu comme la promesse d’un best-seller ou pas ?

Les plaignants ont demandé à Rapoport s’il avait réfléchi au fait que l’attrait des médias pour le procès avait des chances d’accroître le succès du livre s’ils gagnaient. Rapoport dit n’avoir jamais pensé à cela. Plus tard, il a nuancé : il n’y a jamais “vraiment” pensé. “Non, je me demandais surtout si Mademoiselle Cendali allait à nouveau venir me crier dessus.
Il a dit qu’il ne s’attendait pas à ce que le livre soit un best-seller et que la clause du contrat de Steve Vander Ark qui stipulait que si le livre se retrouvait dans la liste des best-sellers du New York Times, il aurait un bonus, était une clause type, mais qui n’avait jamais été appliquée. En effet, la plupart de ses livres plafonnent à 10 000 exemplaires, loin du niveau de la liste des best-sellers.
La première publication du livre devait comprendre 10 000 exemplaires. Le juge a demandé si cela signifiait qu’ils en imprimeraient plus : “Peut-être 20 000, si nous avons de la chance”, a-t-il dit.
Il a rajouté que le libraire Barnes & Noble pensait acheter deux à trois mille exemplaires, Baker et Taylor, cinq cents, et Borders, mille cinq cents… Mais que Borders et Barnes & Noble étaient finalement revenus sur leur décision, à cause du procès.

Portolien

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