[MÀJ] De gigantesques interviews de l’équipe des films

Habiller les étudiants de Poudlard

Pour la costumière Jany Temime, chaque film Harry Potter représente un nouveau défi à relever.

Jany Temime, née en France, s’est vue confier la tâche de concevoir pour chaque nouveau film Harry Potter des costumes originaux, se détachant de ce qui a été fait précédemment. C’est un défi qu’elle a relevé à de nombreuses reprises, comme on pourra le constater en novembre lorsque Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé sortira. Jany sera également aux commandes des costumes pour le film final en deux parties, Harry Potter et les Reliques de la Mort. Parmi ses films non-potteriens, on citera Invincible en 2001, Bridget Jones : l’Âge de Raison en 2004, ou le Fils de l’Homme en 2006.
_ Dans cette interview, Jany nous parle de son travail dans les films Harry Potter.

Movie Magic : Quelles ont été les difficultés au niveau des costumes dans ce nouveau film ?

Jany Temime : « Ce qui a été difficile, c’est que les enfants ne sont plus vraiment des enfants. Ils sont des adolescents, voire presque des adultes, pour être honnête. Ils ont atteint un âge où ils se cherchent un style personnel, plus affirmé qu’auparavant. Je ne dis pas que ça participe à l’évolution de leurs relations, mais ils doivent avoir un certain look et ils veulent plaire. Le temps où on pouvait leur faire enfiler n’importe quoi est fini. Aucun d’entre eux ne veut paraître bizarre ou ridicule, ils veulent tous être beaux. Sur ce film, j’ai dû travailler comme je l’aurais fait avec 20 adultes, mais en gardant toujours un certain style, parce qu’ils ont un style que le public attend et qu’il doit retrouver. »

Y a-t-il des nouveautés ?

« Il y a tout un tas de nouveaux costumes, ce qui a représenté énormément de travail comme d’habitude. Dans ce film, le Quidditch revient et nous introduisons de nouveaux costumes d’attrapeur et de gardien, pour Harry et Ron. Le Quidditch est un jeu très dangereux. Nous voulions quelque chose d’un peu plus costaud visuellement. On a rembourré un peu aussi à cause de l’âge des joueurs et du danger, parce qu’ils vont beaucoup plus loin quand ils ont quinze ou seize ans. Ils osent beaucoup plus, donc dans le jeu, ils sont plus dangereux et ont besoin de plus de protections. On a renforcé les épaules et le dos. Ils portent aussi une cape pour voler, et elle a une capuche parce que c’est une cape de sorciers. Ce qu’on a rajouté, en fait, a été inspiré du football américain, mais ce n’est pas exactement du football américain parce que les épaules doivent pouvoir bouger en cours de vol. On a pensé à ajouter des casques, mais on a décidé que ce serait un peu trop pour le match. Par contre, ils les portent pour les entraînements.
_ On a aussi dessiné la nouvelle tenue pour l’équipe de Serpentard. Elle est en argent, et le mariage du vert, de l’argent et du noir est très beau. Elle est très soyeuse. Les joueurs semblent bien plus grands et ils ont l’air cool. Ils sont tous fantastiques à mon goût. »

Les films ont changé et évolué au fil du temps. Pensez-vous que cela s’applique aussi aux costumes ?

« Constamment, parce que rien n’est plus difficile que les « suites ». Il faut garder un certain style tout en innovant. Innover pour continuer à surprendre et divertir le public, et en même temps leur donner ce à quoi ils s’attendent. »

Vous avez travaillé avec différents réalisateurs sur différents films ; est-ce qu’ils ont chacun leurs propres idées et exigences ?

« C’est quelque chose de passionnant dans la fabrication des films, mais cette fois nous avons le même réalisateur que la dernière fois, David Yates. Nous l’adorons. Il est fantastique, très créatif, le chef idéal, donc ça s’est bien passé. Nous avons un excellent nouveau directeur de la photographie, qui a aussi une incroyable sensibilité artistique. »

Que pensez-vous aujourd’hui des costumes des précédents films ? Par exemple, Alfonso Cuarón a été le premier à faire bouger un peu les choses, et ça s’est vu jusque dans les costumes.

« Pour ce film, nous avons assombri les couleurs et ajouté une capuche aux couleurs des maisons, pour qu’on sache immédiatement d’où vient chaque élève. Pour encourager l’individualité, on a permis à tout le monde de choisir les t-shirts, pulls, vestes et autres variations d’uniforme qu’ils voulaient porter. Et pour le Quidditch, l’idée était de faire des tenues plus modernes, rappelant du matériel de rugby ou de football. Donc on a introduit les rayures et les chiffres. Et comme la scène de Quidditch se déroulait sous la pluie, on a utilisé un tissu imperméable qui a contribué à donner aux costumes un air plus contemporain. »

N’y a-t-il pas également une différence entre le Dumbledore de Michael Gambon et celui incarné par Richard Harris ?

« Alfonso voulait que Dumbledore ait l’air d’une vieux hippie, mais en restant très chic et classe. Ses précédents costumes étaient assez lourds et majestueux, alors que là, nous avons fait du chinage par teinture sur de la soie, pour que la robe flotte derrière lui quand il marche. Ça donne un aspect beaucoup plus léger, et ça donne également plus d’énergie au personnage. Pour Peter Pettigrow, on est parti sur un costume des années 70 et des cheveux argentés attachés par une ficelle. Son look est figé dans le temps et très usé. »

Quand on regarde la Coupe de Feu, on voit bien que les costumiers ont eu de belles opportunités.

« Pour créer le look de Maugrey Fol-Œil et notamment son manteau noir, on s’est inspirés des westerns spaghetti. Maugrey est un guerrier. Cet homme n’a pas de maison, pas de foyer. Il vit littéralement dans son manteau. On a passé une semaine à user le manteau, le détendre et le vieillir, pour qu’il ait l’air d’avoir été porté pendant une vie entière. Et pour la garde-robe de Rita Skeeter, j’ai pensé à la mode des années 80 : les couleurs vives, des formes très angulaires et un look toujours adapté au moment présent. Par exemple, quand les champions du Tournoi des Trois Sorciers vont affronter des dragons, elle est vêtue de peau de dragon. Quand elle assiste à l’épreuve de plongée, ce n’est pas un hasard si sa tenue est d’un vert poisson. »

Vous avez aussi créé des uniformes distincts pour les différentes écoles qui participent à la compétition.

« Oui, exactement. Les filles de Beauxbâtons sont sophistiquées et sûres d’elles, alors je les ai drapées dans le tissu le plus féminin et sensuel que je pouvais trouver, une soie délicate de la couleur bleue du drapeau français. Le tissu s’adapte à leurs formes, contrastant fortement avec les uniformes sévères que portent les filles de Poudlard. Les garçons de Durmstrang, eux, irradient d’une virilité que les les filles n’avaient encore jamais vue. Ils portent pour cela des vêtements de coton épais, presque primitifs, de lourdes bottes et des manteaux de laine. »

Dans la Coupe de Feu, il y a également la scène du Bal de Noël qui est très riche en costumes.

« Nous avons préparé plus de 300 costumes pour cette seule scène. D’abord, nous avons dessiné les vêtements des garçons. Chacun avait une cravate blanche ou noire et une veste de soirée. Les Serpentard avaient des cravates blanches, parce qu’ils se veulent chics, élégants. Nous avons travaillé plusieurs mois sur les costumes des filles, car toutes les robes ont été cousues à la main par une équipe de 100 costumiers. Les actrices étaient tellement excitées de porter ces robes… On aurait dit qu’elle allaient à un vrai bal ! La robe d’Hermione devait être vraiment spéciale. Je voulais que ce soit une robe de conte de fées, quelque chose qui laisserait tous les élèves bouche bée quand elle entrerait dans le hall. »

Et dans l’Ordre du Phénix, il y a un personnage nommé Ombrage qui a amené beaucoup de… rose.

« La couleur de son costume était déjà indiquée dans le livre : rose, encore plus rose, toujours plus rose. A chaque fois qu’on la voit, elle porte une nuance de rose différente. Au fur et à mesure qu’elle gagne du pouvoir, la couleur devient plus forte et plus atroce, jusqu’à ce qu’elle apparaisse dans un ton cerise des plus intenses. L’autre personnage intéressant dans ce film, c’est Luna Lovegood. Evanna Lynch était très exigeante pour certains détails. Je lui avais fait des boucles d’oreilles en forme de radis rouges, et elle m’a assuré avec insistance qu’elles devaient être oranges. Elle connaissait son personnage sur le bout des doigts. On s’est assuré que le costume de Luna reflète une fille aux goûts et intérêts très personnels, mais pas trop excentriques pour qu’elle ne détonne pas au milieu des autres. »

Serez-vous toujours là pour le dernier film en deux parties ?

« Oui, et ça sera un nouveau grand défi, parce que c’est la fin. Il faut soigner la fin du mieux qu’on le peut. Ça m’effraie un peu, parce que je me disais souvent pendant le 5 ou le 6 que je pourrais faire mieux la prochaine fois. Là, ça sera la dernière fois, donc je dois effectivement faire de mon mieux. C’est la fin. C’est toujours difficile de donner un style à une fin, car c’est l’image que les gens garderont en tête. »

++++

Poser les décors du Prince de Sang-Mêlé

Pour le chef décorateur Stuart Craig, qui a participé à la saga Harry Potter depuis le tout début, le sixième film Harry Potter a été l’un des plus difficiles.

Movie Magic : Quelle est votre opinion sur la coupure du dernier film en deux parties ?

Stuart Craig : « Nous sommes tous très curieux de voir à quel moment ils vont couper le film. Est-ce qu’ils vont finir la première partie sur un moment de grand suspense, ou au contraire un peu moins tendu ? Bien entendu, nous n’avons pas encore le scénario, alors on ne peut pas savoir. J’ai entendu dire que le premier film se finirait avec le retour de Ron Weasley. Son retour représente un sommet émotionnel. Je suppose que ça pourrait faire une fin très satisfaisante. Je ne sais pas si Steve Kloves, le scénariste, est d’accord avec moi, mais nous verrons bien quand nous aurons le texte. »

Pour ce film, qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous ?

« J.K. Rowling écrit toujours une scène qui se passe dans un lieu extraordinaire, et cette fois, c’est Harry et Dumbledore qui se rendent dans une cave mystérieuse. C’est cette cave qui nous a donné beaucoup de travail. On en a seulement construit deux petites parties, et le reste a été généré par ordinateur. Mais pour préparer la modélisation numérique, il a fallu faire un modèle à échelle réduite, un modèle à grande échelle, et comme je l’ai dit, un bout entièrement finalisé. Les films sont faits différemment de nos jours. On fait des modèles qui sont scannés en trois dimensions, et le patron ainsi créé sur l’ordinateur sert de base au rendu final du décor. C’est vraiment un défi pour quelqu’un de ma génération de maîtriser la technologie cinématographique du XXIe siècle. »

Avez-vous un truc pour y arriver plus facilement ?

« Une des clés de notre travail est la recherche initiale. On commence par se demander : « Qu’est-ce qui est intéressant dans une cave ? » Eh bien, dans les caves de calcaire il y a déjà les stalactites et les stalagmites qui nous sont familières, presque clichés. On s’est penché aussi sur les caves de cristal et on a vu des photos de cette incroyable cave de quartz au Mexique. On s’est même rendu en Suisse pour en trouver de style différent, et c’est à Francfort en Allemagne qu’on a découvert une cave de cristaux dans un complexe minier de phosphate. Il y avait du sel de roche et cristaux de sel complètement transparents, comme du verre. On a pris énormément de photographies et elles ont inspiré notre travail. Le résultat est un décor fantastique dans un monde fantastique, mais on a essayé de garder une certaine crédibilité géologique. Oui, c’est un monde magique, mais fondé sur une réalité reconnaissable. Nous avons traité la cave comme une architecture, pour respecter ceci. »

Les acteurs devaient jouer devant les morceaux de décor que vous aviez réellement construits. Comment cela s’est-il passé ?

« Dumbledore et Harry se rendent sur cette île au milieu du lac noir, et sur cette île, on a mis un réservoir de cristal contenant le liquide que Dumbledore doit boire pour découvrir l’Horcruxe. Donc, nous avons construit l’île, le bateau qui les transporte, et une partie de la rive dont ils s’éloignent avec le bateau. Mais ça ne représente qu’environ 1% de tout ce que vous verrez dans le film. »

Au fil des années, on a vu les personnages et les acteurs évoluer. Mais de votre point de vue, quels changements avez-vous constaté ?

« Deux idées me viennent à l’esprit. Au début et pour des raisons pratiques, nous avions pris beaucoup de photos de lieux existants, pour améliorer l’architecture de certains décors. Ainsi, Poudlard est un mélange de châteaux existants et inventés. Les plans sont un peu brouillons si on ne fait pas attention au moment de la prise de vue, et on a dû arranger les choses par la suite en construisant Poudlard. Le château a évolué avec les détails qu’on a réinventés et d’autres améliorations. D’autre part, on a eu affaire à une succession de cinéastes qui voulaient, naturellement, faire les choses différemment de leurs prédécesseurs. La tendance qui en a résulté, c’est qu’en plus des personnages qui grandissent et de l’intrigue qui s’assombrit, l’apparence des films toute entière est devenue plus noire, plus mystérieuse, plus monochromatique et plus menaçante. Les décors que nous avons construits ont réellement été peints de couleurs plus sombres. »

++++

Produire le Prince de Sang-Mêlé

Le producteur David Barron, qui travaille aux côtés de David Heyman, joue un rôle primordial en permettant à l’aventure Harry Potter d’exister à l’écran. Sa carrière de producteur a commencé en 1988 avec Hellraiser II, puis il a produit notamment Frankenstein en 1994 et Hamlet en 1996.

Movie magic : Après tant de succès pour les films Harry Potter, les gens doivent penser qu’il n’y a plus de place pour l’originalité et l’innovation dans la production, que c’est une machine bien huilée qui les sort à la chaîne. Ce que je me demande, c’est si vous trouvez encore de nouvelles motivations à chaque opus.

David Barron : « Ils sont tous motivants, parce que même s’il ne s’agit que d’une nouvelle étape dans la vie et les œuvres de Harry Potter, rien ne stagne. On remet continuellement notre travail en question et on essaye de nous assurer qu’on fait tout du mieux qu’on peut, grâce aux ressources dont on dispose — notamment Jo et ses sources matérielles. Comme Harry et tous les autres vieillissent d’un an à chaque film, elle peut trouver un nouveau ton pour chaque livre et poser un regard neuf sur les différents thèmes. Chaque film est très différent, et à chaque fois on est confrontés à de nouveaux décors, la possibilité de créer des effets spéciaux géniaux, d’énormes foules… On ne peut jamais s’en lasser. »

Est-ce qu’il y a quelque chose dans ce film qui a été particulièrement stimulant pour vous ?

« Pour être honnête, je suis parfois un peu blasé par notre travail, parce qu’on fait la même chose tous les jours. Quand on est dedans, on a l’impression d’une routine alors qu’avec un peu de recul, on se rend compte que ce qu’on fait est effectivement intéressant. Un exemple parlant, et plutôt marrant, c’est qu’on a passé des nuits entières à tourner en extérieur dans un hiver britannique, et ce n’était pas facile. Techniquement parlant, on a eu des choses comme la scène de la caverne à la fin du film, quand Harry et Dumbledore effectuent l’un de leurs voyages. La réalisation de la séquence a été difficile car tout est entièrement numérique. Il y a beaucoup d’autres exemples, mais des fois, quand on me les demande, je ne sais pas par où commencer. Pour ce film en particulier, il y a ce fil rouge de la romance adolescente qui est nouveau mais excitant et assez incroyable. C’est un enchevêtrement de nouveauté et de fraîcheur. On avait effleuré le sujet assez brièvement dans la Coupe de Feu, lors du bal de Noël. Mais en termes d’effets visuels, je crois que c’est la caverne qui a représenté le plus gros défi. C’était assez dingue, surtout avec les Inferi, ces zombies d’un autre monde. »

Était-ce vraiment angoissant, vu le nombre de films sur les zombies qui sont sortis ces dernières années ?

« C’est vrai qu’il est difficile de ne pas tomber dans le piège d’une scène de zombies banale, qui évoquerait George Romero [réalisateur de la Nuit des Morts-Vivants, ndt]. Dès l’instant où on prononce le mot « mort-vivant », on a tout de suite en tête les images de Romero et Simon Pegg [réalisateur des Shaun of the Dead, ndt], et c’est bien la dernière chose qu’on voudrait évoquer. Donc ça n’a pas été facile, mais je pense qu’on a réussi à rendre quelque chose d’assez spécial et effrayant. Je pense que la séquence sera bonne. »

Et elle est sans doute bourrée d’effets spéciaux en tout genre.

« On fait ce genre de choses dans tous les films, mais ça ne veut pas dire qu’on en a l’habitude ou qu’on les réalise plus facilement. C’est un travail de tous les jours. Mais le visionnage des scènes achevées est très gratifiant, et on essaye de ne jamais se reposer sur nos lauriers car on doit rendre justice aux merveilleux matériels et logiciels qu’on utilise. Jo ne se repose pas sur ses lauriers non plus quand elle finit un tome ! »

Depuis le départ de Chris Columbus après le deuxième film de la série, vous avez travaillé avec un réalisateur différent pour chaque opus. Mais David Yates, après l’Ordre du Phénix, revient pour le Prince de Sang-Mêlé et est annoncé pour les Reliques de la Mort. Pensez-vous qu’il pourra apporter quelque chose de différent à ces trois films ?

« Je pense qu’ils doivent sembler vraiment différents au final. David ne voudrait pas qu’on le ressente comme un seul et même film. C’est très important pour nous de souligner cette différence, et ça l’est aussi pour le public. Jo, quand elle parle de son approche dans l’écriture des livres, trouve toujours une tonalité différente, et c’est pour cela qu’ils sont si agréables à lire. Ce n’est pas si difficile de faire la même chose pour les films, car on s’appuie sur ces livres. David le ressent de la même façon ; il aimerait que les trois films soient quasiment indépendants — même si on peut les voir comme la fin de la franchise, évidemment. On prépare le terrain dans l’Ordre du Phénix, on va plus loin dans le Prince de Sang-Mêlé et on conclut dans les Reliques de la Mort. C’est une suite, mais faite d’étapes très distinctes. »

Voyez-vous la saga comme une chance unique de pouvoir suivre un groupe de personnages de l’enfance à l’âge adulte ?

« Oui, en effet. Il s’agit du film familial le plus cher qui ait jamais été fait, pour eux : ils peuvent le revoir du tout début et voir toute leur adolescence se dérouler devant leurs yeux. C’est extraordinaire à la fois pour les personnages, les acteurs et les spectateurs. Toute la franchise est unique à mes yeux. Je ne peux imaginer qu’il puisse exister quoi que ce soit de comparable par la suite. Et ça n’a jamais été fait avant. Sincèrement, nous avons beaucoup de chance de faire partie d’une histoire aussi originale. »

Vous avez l’air très enthousiaste…

« C’est juste qu’on adore ce concept. On nous demande souvent si ça nous ennuie de refaire toujours la même chose, mais non, parce que chaque film est tellement stimulant et tellement gratifiant… À mesure qu’on se rapproche de la fin du calendrier de production, on découvre les premiers rendus des effets spéciaux et on pose les premières musiques, c’est tellement excitant qu’on meurt d’impatience de voir le film dans sa version finale. C’est particulièrement vrai pour les effets spéciaux parce qu’il y a un fossé gigantesque entre le début et la fin, parce qu’on ne découvre qu’à la dernière minute à quoi tout ça va ressembler. Et je suis très impatient de voir le film. On en voit des extraits continuellement en travaillant, mais quand passe la version finale, c’est comme si on voyait quelque chose de complètement nouveau pour la première fois. C’est génial. »

++++

Harry Potter et les Reliques de la Mort

Les producteurs David Heyman et David Barron détaillent la coupure de l’opus final en deux parties.

Depuis le début de la série des films Harry Potter, des rumeurs ont couru sur un éventuel dédoublement de certains films pour respecter le roman. C’est ce qui a failli se passer pour le quatrième film, la Coupe de Feu, mais il a été décidé finalement de le garder en un seul morceau. Mais cette fois, les Reliques de la Mort seront bien coupées en deux parties, qui sortiront à un an d’intervalle à partir de novembre 2010.

« L’écart sera un peu plus long entre la sortie du Prince de Sang-Mêlé et la sortie des Reliques de la Mort partie 1 », admet le producteur David Heyman, « il va s’écouler deux ans au lieu d’un an et demi. Ça tient en grande partie du fait qu’on tournera les deux parties simultanément. Le tournage sera plus long, donc la post-production ne pourra commencer que plus tard. »

Même si à l’heure actuelle Harry Potter est une « machine à films » bien rodée, David Heyman affirme que la séparation du dernier film représente pour lui une expérience unique. « Il faut trouver le bon moment pour la coupure dans le roman. Chaque partie doit être une unité qui se suffit à elle-même. Chaque film qui a été fait jusqu’à présent était différent des précédents, et on doit continuer à appliquer ça avec les Reliques 1 et 2. On devra leur trouver une identité différente alors même qu’on les tourne en même temps. Ceci dit, ce qui est excitant et qui joue en notre faveur, c’est qu’on a une idée très claire de ce que seront ces deux films, quelles thématiques seront sous-jacentes dans chacun et influenceront sa nature. »

David Barron : « Il est crucial qu’ils aient l’air distincts, même si on ne pourra jamais les séparer entièrement dans la mesure où le second commence là où le premier avait fini. D’un point de vue stylistique, ils doivent sembler très distincts. Quand on regarde les paysages et décors du livres qui devraient apparaître dans le film — je dis « devraient » parce qu’on n’a pas encore les scénarios des prochains films à cause de la grève des scénaristes — on voit que ces décors seront différents. Prenez la première partie du livre. Ils n’arrivent pas à Poudlard avant le dénouement de cette première partie. Dans certains aspects, la première partie est comme un road-movie. Ils sont troublés et harassés, et ils essayent de voyager et de se cacher dans le monde des Moldus en ne connaissant que les sorts les plus faibles pour éloigner les ennemis. C’est quelque chose qu’on n’a encore jamais fait. »

Parmi ce qu’attend le plus impatiemment Heyman, il y a le bouquet final de la saga, la bataille entre Harry et Voldemort en prévision de laquelle toute la série a été construite.

« Ce que Jo a si bien réussi à mon avis, c’est qu’il n’y a pas énormément d’action dans cette scène finale. Le dénouement vient vraiment du meilleur endroit possible, c’est-à-dire les émotions du personnage. Je trouve que c’est là que Jo a vraiment réussi son coup. Il y a toute cette séquence avec les silhouettes du passé de Harry, celles qui sont mortes des mains de Voldemort, qui sont à ses côtés pendant qu’il se prépare. C’est beau. C’est la force de ces films et livres — au-delà de toute la magie, tout le fantastique et les effets spéciaux, ce à quoi les gens sont les plus attachés, ce sont les personnages. »

Une différence intéressante entre cette histoire en deux parties et les films qui ont précédé, c’est que d’habitude les acteurs ont le temps entre chaque film de prendre un peu de recul pour évoluer personnellement et revenir en apportant quelque chose de nouveau au prochain film. Cette fois, est-ce que cette évolution devra être faite artificiellement ?

Barron : « C’est vrai que ça manquera, mais d’un autre côté, pour contrer cet argument, il leur sera également utile développer leur personnage du début à la fin sans interruption. Et on aura la continuité du travail de David Yates, qui est très attentif et directif avec eux pour qu’ils se sentent (de la manière la plus douce possible) poussés aussi loin qu’ils peuvent l’être, et on en voit le résultat à l’écran. »

Heyman : « Je ne pense pas que l’évolution doive être faite artificiellement. Ils sont maintenant capables de maîtriser les différents aspects de leur personnage à différents moments. Ils sont à l’âge où ils ont eu une multitude d’expériences dont ils peuvent tirer des enseignements pour leurs rôles. Je suis très confiant là-dessus. C’est une histoire de maturité, de passage à l’âge adulte et tout est dans le livre. Il s’agit de foi, de confiance en soi, de préparation au renversement de Voldemort. Ça sera super, et je suis impatient de m’y mettre. »

Portolien

L’illustratrice des Animaux Fantastiques se confie

Bloomsbury, qui vient de publier la version illustrée de Fantastic Beasts and Where to Find …